Je me suis pas souvent dit que j'étais malade. J'ai jamais accepté le fait que trop de démons rodaient dans ma tête et que malgré toutes ces années, j'arrivais pas à m'en séparer. J'ai voulu jeter la faute sur tout le monde. Sur les amours du passé qui m'ont détruit le crâne, sur ma mère qui aimait un autre homme que mon père et sur mes amis qui me crachaient chaque jour à la gueule ma froideur et leur frayeur de moi quand ça allait pas. Je remplissais les cendriers, je tapais sur google des milliers de fois « comment se détacher de cette putain d'addiction?" et je claquais les portes aussi violemment que je fermais mon coeur. J'ai toujours eu du mal à grandir, à prendre de l'âge et toutes les responsabilités qui vont avec. Puis le temps est passé, et j'ai l'impression qu'on est moins torturés, tu sais? On se remets. Ma famille a toujours été bancale et aujourd'hui la plus grande partie se couche à deux heures du matin avec quelqu'un à leur côté. Et moi, je suis souvent à la fenêtre à quatre heures en regardant les bâtiments et en remerciant Dieu d'avoir apaisé le coeur des gens que j'ai toujours aimé. J'ai plus autant mal, j'ai plus envie de rejoindre mon père comme je te l'ai souvent trop dit. C'est étrange, tu vois, je commence à oublier les fois où on se détruisait et à me souvenir avec cette espèce de tendresse qu'ont les vieux de ce qu'on était, tous les deux. Je nous reconnais plus dans les éclats de rire autour d'un verre et ce qu'ils appellent l'amour que dans les larmes et les brûlures, maintenant. J'ai toujours cette rage des autres et j'ai compris que certaines choses dans ma tête ne valent plus la peine d'être combattues.Merci d'avoir su les gérer à ma place pendant que je me détruisais dans des rues où je n'ose toujours pas passer. Je comprends ce que signifie la loyauté, maintenant. Et les murs que j'ai construit autours de nous ne font maintenant que parti du passé. C'est pour ça, finalement, que je n'arrive plus à écrire. Tous les coups qui saignaient de partout avant, ne sont devenues maintenant que des égratignures. J'espère que la vie continuera à prendre autant soin de nous, peut-être que dans le cas contraire je saurais écrire à nouveau.