elle s'ouvre les veines seule dans sa chambre à la recherche de sensations, d'une once de douleur qui la ferait vibrer. rien ne la fait vivre, au fond d'elle elle est déjà morte. quand elle est avec ses amis elle est tout aussi seule, elle reste silencieuse et s'imagine des larmes sur leurs joues quand ils apprendront sa mort. elle imagine déjà leurs regrets quand ils réaliseront que c'est trop tard, qu'ils n'ont rien fait pour l'en empêcher, qu'ils ne l'ont pas écouté quand elle leur disait au revoir. elle les regarde et espère secrètement qu'ils tournent enfin les yeux vers elle, qu'ils voient ses larmes invisibles ou entendent ses hurlements muets. ils détournent les yeux quand ils les posent sur ses poignets, sans poser de questions, pourtant elle aimerait tant qu'ils lui tiennent les mains et qu'ils lui demandent "pourquoi ?". chaque jour, elle se tue lentement dans l'indifférence de ses proches, elle sait pourtant qu'ils pleureront sa mort. elle, ne pleure plus, elle n'a plus de larmes à donner, que des sanglots étouffés. sa mort la hante, elle sait qu'elle est proche, et ce soir seule dans sa chambre elle tremble de tristesse. sa vie n'a plus aucun sens, sa mort pourtant n'en aura pas non plus. tant seront étonnés d'apprendre son suicide, personne n'aura rien vu venir. c'était pourtant inscrit partout, rouge sur blanc sur ses poignets ensanglantés, dans ses yeux rouges, dans ses sourires trop fréquents pour être sincères. elle se demande parfois, qui trouvera son corps ? qui remarquera son absence ? qui s'inquiétera ? elle pense à toutes les personnes qu'elle blessera par sa mort, aux vies qu'elle changera. elle se dit en souriant tristement qu'elle aura plus d'impact avec sa mort qu'elle n'en a jamais eu dans sa vie. son suicide sera un appel au secours lointain, qui n'arrivera aux oreilles des autres que le jour de son enterrement.