La lumière des réverbères passe entre les lames du store. Elle n'a allumé aucune lumière dans la pièce. Elle a mis de la musique en fond sans l'écouter vraiment. Sous la lumière orange, on distingue un grand lit aux draps défaits. Un petit bureau et plein d'étagères avec de nombreux cahiers, carnets et pots pleins de crayons qui pour la plupart ne marchent plus. Une tasse avec un fond de thé froid, un paquet de biscuits bn vide. Sur le rebord de la fenêtre, deux petits cactus qui poussent doucement, et qu'elle prend le temps d'arroser ou de dépoussiérer chaque jour. Sur les étagères, au bout de son lit, éparpillés sur le sol, des livres pleins de post-it, des feuilles avec des crayonnés. Des vêtements sont posés sur le dos de sa chaise, sur un porte-manteau derrière sa porte. Il y a un grand miroir sur le mur du fond. Elle a posé son appareil photo sur une étagère. Elle bouge les stores à sa fenêtre pour faire changer légèrement la lumière. Puis, elle enlève son pull, se dénude presque. Elle enclenche le minuteur de l'appareil, recule. Elle gaine ses abdominaux, tend ses seins nus, tiens sa tête droite. L'appareil prend trois photos. Elle regarde le résultat, change encore la position du store, arrange les objets derrière elle. Elle recommence, expose son corps presque nu, joue avec la lumière et le reflet de son dos dans le miroir. Elle fini par oublier qu'elle ne se trouve pas belle, elle n'est que l'objet de sa photographie. Elle n'est qu'ombres et reflets.
