Elle est fragile et vacillante, elle se nourrit de peu, de mots doux et tendres, de sourires, de noms d'oiseaux, un regard bleu suffit à lui redonner confiance. Elle palpite et diffuse une lumière pâle et rassurante comme une veilleuse dans la chambre d'un enfant. Elle se glisse aux creux des rêves et se niche entre le cou et l'épaule. Elle est légère et caressante comme une ritournelle, désaltérante comme un bonheur liquide. Elle danse et virevolte sur les pointes, bras ouverts, tête renversée. Elle reste derrière mes paupières aussi longtemps qu'un baiser.
Elle est puissante et brûlante, rebelle et affamée. Elle est ardente, impétueuse et impérieuse. Elle se consume les yeux ouverts, cuisses offertes, incandescence intérieure. Elle est orage, elle est tempête, elle brûle d'impatience, feu qui couve sous la braise. Elle plaque contre le mur, froisse les draps, mord et griffe. Elle enveloppe de ses bras et de ses jambes et se fait fournaise. Elle laisse quelques brûlures au bas des reins et sur mon sein.
Elle n'était plus là ce matin. La petite flamme qui me dévore quand je pense à toi. Pas même une étincelle, une brindille, une fièvre. Je pose une bougie à ma fenêtre, la rallumeras-tu peut être. ?