Chapitre 17

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M. Minot quitta la pièce pour chercher de la nourriture à offrir à ses invités. Marie se tourna désespérée vers son père :

-Son fils n'est pas comme ça j'espère ?

-Je ne sais pas, je ne le connais pas. Mais, tu ne dois pas lui en vouloir, c'est un ancien soldat, il est un peu, comment dirais-je... rustre.

-C'est un euphémisme, oui... Et bien espérons que le fils ne soit pas comme ça. Répondit-elle en croisant les bras.

-Ça faisait longtemps qu'une femme n'était pas entrée ici ! s'exclama Olivier Minot en entrant. Depuis que ma femme est morte... Enfin même avant, parce qu'à la fin, elle n'avait plus rien d'une femme ! Pouffa-t-il.

Marie inspira pour calmer sa voie intérieure qui lui disait de partir immédiatement. Elle n'avait pas passé cinq minutes avec cet homme qu'elle le détestait déjà. Il n'était pas bien grand, n'avait pas beaucoup de cheveux. Il avait les joues grasses, le nez tombant et les yeux fades. Elle tenta de rendre ses oreilles imperméables aux paroles stupides qu'il leur déversait. Elle devinait que François faisait de même, tout en essayant de sourire de temps à autre pour satisfaire leur hôte.

On toqua à la porte, et un jeune homme d'une vingtaine d'année entra. Il s'arrêta en découvrant les invités. Il était svelte, à la silhouette élancée. Brun, les yeux assortis, les traits réguliers. Rien à voir avec son père. Marie souffla.

-Charles ! L'accueilli M. Minot. Viens dire bonjour à mon vieil ami François et à sa fille.

Le dénommé Charles les salua poliment.

-Mademoiselle Favigny, c'est un honneur de vous connaître. Dit-il en lui faisant un baisemain. J'espère que mon père ne vous a pas trop fait mauvaise impression, il ne sait pas se conduire avec les demoiselles. Lui chuchota-t-il ensuite.

-C'est un honneur pour moi également, M. Minot.

Charles prit place à table. Il observa longuement les traits de Marie en lui souriant.

-Alors mon fils, qu'en dis-tu ? intervint son père.

-Comment pourrai-je me prononcer père, je ne la connais pas.

-Mais tu la vois !

-Pour moi, ce qui importe le plus est l'esprit.

Marie fut touchée par une telle réplique. Ce garçon n'avait rien en commun avec son père. Ils échangèrent une œillade. Puis, Charles se tourna vers François.

-Avant de m'engager, permettez-moi de passer un peu de temps avec votre fille. Si nous devons nous marier, je voudrais que cet engagement ne soit un fardeau ni pour elle ni pour moi.

-Une période d'essai en quelques sorte ? résuma François en se tournant vers Marie.

-Qu'en dis-tu Marie ?

-Cela me conviens très bien. Sourit-elle.

Charles cochait petit à petit tous ses critères. Il avait l'air aimable, ouvert d'esprit et respectueux.

-Tu perds ton temps mon fils...

-C'est de ma future femme dont il est question mon père, et j'apprécierai que vous ne vous en mêliez pas.

Le père se renfrogna.

-Fais comme tu veux.

François jugea alors le moment opportun pour intervenir et demander où ils pourraient loger durant cette période. Charles répondit gentiment qu'une chambre était libre à l'auberge non loin de là.

Le masque de ferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant