Chapitre 21

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Ils se fiancèrent donc ce midi-là. Marie était aux anges. Elle rêvait de pouvoir embrasser son prétendant, mais se retenait devant les deux pères. M. Milot père proposa ensuite de montrer à François les terrains qu'il allait léguer à Charles. Ils partirent en laissant les deux amoureux seuls.

Ils se jetèrent l'un dans les bras de l'autre.

-Je n'ai pas besoin d'un grand mariage. Pourquoi ne pas m'épouser tout de suite ?

-Je veux que ma femme ait le meilleur. Tu auras le plus beau mariage de France !

Marie savait qu'il exagérait, mais elle ne put s'empêcher de sourire. Charles l'embrassa dans le cou. Elle ferma les yeux. Si seulement elle pouvait rester toujours avec lui. Charles déposa un collier de baisers dans son cou.

-Je vous aime tant, Marie. Votre peau est si douce...

Il caressa délicatement le visage de la jeune fille avec son nez.

-Votre odeur est divine, vous êtes divine !

-Charles ! Vous l'êtes aussi !

Il sourit.

-C'est la première fois que vous m'appelez par mon nom de baptême...

-Cela ne vous plaît pas ?

-Au contraire ! Il est encore plus beau lorsqu'il sort de votre bouche.

Ils se sourirent, rapprochèrent lentement leurs visages, fermèrent délicatement leurs paupières, et leurs lèvres fusionnèrent de manière passionnée. Elle savait qu'il allait repartir et voulait à tout prix profiter de sa présence, de sa chaleur et de son amour.

Il reparti le lendemain. Marie reçut une lettre de Madame Provost. Elle avait eu un bébé en janvier. Elle l'avait appelé Jean-François. Jean-François de La Baume le Blanc, cela sonnait bien, et puis c'était deux des prénoms préférés de Marie. Elle était ravie de tant de bonheur, ses fiançailles, puis le bébé de son amie. Comme si le ciel compensait tous les malheurs qu'elle avait eu par le passé. Elle lui écrivit pour lui raconter ses fiançailles. Le temps se faisait long, et Marie ne savait quoi faire dans cette ville où elle ne connaissait personne. François commençait également à perdre patience. Il fit tout de même un aller-retour à Castans pour tenir le reste de la famille informé de la situation.

-Nous pourrions te trouver quelqu'un d'autre qui t'épousera plus vite. Proposa-t-il.

-Non Papa. J'aime Charles, et je l'attendrai.

Mais les semaines passaient sans que Charles ne parlât de mariage.

François songeait de plus en plus à retourner à Castans, mais Marie le retint. Sans lui, et avec seule compagnie le père de Charles, sa vie redeviendrait un enfer. Alors François accepta malgré lui de rester avec Marie, voyant bien qu'elle s'ennuyait à mourir.

Seules les lettres hebdomadaires de son amie la sortaient de sa torpeur. Françoise Provost lui racontait ce qui se tramait à la cour. De ce que Marie comprit, Charles avait un succès certain auprès des femmes, mais il les repoussait toutes.

« Les femmes d'ici sont folles que M. Milot vous ait choisi vous et pas l'une d'elle. Elles feraient n'importe quoi pour être à votre place. Si seulement vous étiez ici pour voir ça, c'est très amusant de les voir se quereller. » Écrivait-elle. Marie ne pouvait s'empêcher d'en tirer un certain orgueil. Charles avait préféré la simple fille qu'elle était à toutes les autres. Mais sa place n'était certainement pas la meilleure. Elle ne comprenait pas ce qui poussait Charles à être aussi souvent absent.

Au début de l'été, des hommes armés toquèrent à leur porte d'hôtel. N'ayant rien à se reprocher, Marie et François les firent entrer dans leur chambre. Les hommes se présentèrent comme étant de la police secrète de Louis XIII et se tournèrent vers Marie.

-Connaissez-vous M. Charles Milot.

-Oui, nous sommes fiancés depuis janvier. Répondit Marie en essayant de comprendre.

-Quand l'avez-vous vu la dernière fois ?

-Il y a environ dix jours...

-Savez-vous où il se trouve actuellement ?

-Il doit être à St Germain-en-Laye, il est mousquetaire de sa majesté.

-Il est à Narbonne. Dans le sud de la France.

Marie, étonnée ne savait que répondre. Était-il en déplacement ? Elle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. François, quant à lui, fronçait les sourcils, ne comprenant pas plus que sa fille ce qui se passait.

-Ils n'ont pas l'air au courant... Chuchota l'un des policiers à son collègue qui hochait la tête pour confirmer.

-Au courant de quoi ? demanda François.

-Une conspiration contre le cardinal Richelieu, et le roi.

Marie et François prirent une mine effarée. Ils s'attendaient à tout sauf ça.

-Mais en quoi mon fiancé est-il impliqué ? s'inquiéta Marie. Elle n'arrivait pas à concevoir que son Charles, ce jeune homme si doux avec elle puisse tremper dans une telle affaire.

-Nous l'ignorons à vrai dire. Répondirent les policiers. Était-il proche de Gaston d'Orléans ou du marquis de Cinq-Mars ?

-Il connaissait Gaston d'Orléans puisqu'il m'a invité à un bal à sa cour. Mais, je n'en sais pas plus.

-Bien...

Les hommes se concertèrent pendant que Marie et François se regardaient, sous le choc.

-Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible... Répétait Marie à mi-voix.

Les policiers reprirent la parole :

-Pourriez-vous nous aider à déterminer le rôle de votre fiancé dans cette affaire ?

-Je... heu...

-Nous comprenons que ce n'est pas facile pour vous, mais nous aurions juste besoin de savoir si des éléments vous semblent louches. Essayez de vous faire réinviter à la cour.

Marie hocha la tête sans dire un mot. Elle ne savait pas qui croire. Charles ? Les policiers ? Devait-elle espionner son futur mari ? Un tas de questions fusaient dans sa tête. Les policiers les remercièrent elle et François, et repartirent. A peine la porte fut-elle refermée que Marie se jeta dans les bras de son père.

-Papa ! sanglota-t-elle. Pourquoi ?

François, tout aussi désarçonné qu'elle ne sut que répondre. Charles avait pourtant l'air d'être un garçon bien.

Ils allèrent rendre visite à Olivier Milot, le père du concerné. La police du roi était passée chez lui aussi et le pauvre homme demeurait sous le choc.

-Toutes ses années à servir fidèlement et cet idiot déshonore la famille ! s'énervait-il. François, je te jure que je n'en savais rien !

-Je te crois, va. Le consola son ami.

-Attendez, intervint Marie. Ils ont bien dit qu'ils ignoraient le degré de son implication.

-Oui...

-Il est peut-être innocent.

-Mais peut-être coupable.

-Je ne veux pas y croire tant que je n'ai pas de preuves. Déclara-t-elle.


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Et vous, que pensez-vous de Charles? Lui faites vous confiance comme Marie, ou pensez-vous qu'il ait quelque chose à se reprocher?

Le masque de ferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant