"Trop près de Toi"

Elie : J'ai cette sensation d'être à terre

Je n'ai même pas été capable de courir une heure entière. Parce qu'au lieu de m'occuper l'esprit pour oublier cette fille, elle est venue s'imposer bien plus profondément.
Il est encore tôt et visiblement personne n'est levé . J'essaye de ne pas faire grincer le plancher quand je me fige devant sa porte parce qu'il me semble l'entendre se débattre.
Je frappe doucement alors que mon cœur lui se met à cogner.
_ Freya ? Ça va ?
_ Pourquoi tu fais ça ?! S'il te plaît arrête ! Ne... Non, je t'ai dis Non !
_ Freya ? Répond-moi!
Sans me demander dans quel état je risque de la trouver, j'ouvre la porte et m'approche d'elle, posant ma main sur son bras.
Les cheveux trempés, ça doit faire un moment qu'elle se débat alors je décide de la réveiller :
_ Freya, c'est moi.
_ Ne me touche pas !
_ Freya, c'est moi, Élie et je...
Je me lève, serrant les dents sous la douleur du coup que je viens de recevoir :
_ Oh bordel... de merde! En plein dans le mille.
Freya ouvre les yeux et remonte sa couette en quelques secondes, ne comprenant probablement pas pourquoi je suis entrée dans sa chambre.
_ Élie ?! Qu'est-ce que...
Elle se fige et fixe mes mains et le sang commençant à couler de mon nez.
_ Oh bon sang, qu'est-ce qui s'est passé ?
Son visage change de couleur alors qu'elle se lève, tendant d'abord sa main vers moi et puis recule comme effrayée.
Ses yeux ne quittent pas ma blessure, parce qu'elle et moi savons que ce qui a fragilisé cet endroit, c'est ce coup que j'ai reçu la dernière fois.
Ses mains devant son visage, son regard évite le mien :
_ Je suis... Désolée, je suis... Je... Oh bon sang... Je...
Avant que je n'ai pu répondre, je me retrouve seule, dans une pièce devenue en quelques secondes bien trop silencieuse.
Je passe nettoyer les dégâts, et monte où je sais déjà que je vais la trouver.

Le soleil se lève tout juste, et je ne peux m'empêcher d'observer les courbes de son dos sous son haut à fine bretelles. Elle tremble, mais cette fois je ne suis pas sûre que ce soit à cause du froid. Pourquoi, je ne saurais pas, je me demande juste ce contre quoi elle se battait entre ses draps. Alors comme un rituel, je pose ma veste sur ses épaules, laissant mes mains quelques secondes de plus que je ne le devrais.
Et puis je repars avant de fermer les yeux, avant que cette envie de rester contre elle ne prenne le dessus, comme son parfum qui déjà provoque en moi ce que je ne voulais plus.
Mon pied reste en suspend un peu plus longtemps au dessus de cet escalier parce que cette fois elle ne s'est pas retournée.

**
Mes mains sur le plan de travail de la cuisine, j'essaye de faire taire cette douleur qui revient résonner et tente de me convaincre que je vais bien y arriver.
Je vais arriver à ce qu'elle n'aie plus autant d'effet sur moi, mais un doute me saisi quand je lève les yeux vers le plafond pour écouter ses pas et sa porte se fermer. Mon cœur accélère alors, parce qu'elle est simplement repartie se coucher et que j'ai cette sensation une nouvelle fois d'être à terre sans rien pouvoir faire.