Élie : Je ne devrais pas faire ça

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Une main sur ma gorge je me réveille, avec cette sensation de m'étouffer et sortir d'une apnée.
Comme je le redoutais, cette soirée est revenue me hanter.

*

Seulement cette fois-ci je l'ai vu, rentrant chez elle et lui, prêt à la frapper parce qu'elle lui reprochait visiblement quelque chose.
Tout ce qu'elle pouvait faire c'était mettre ses bras au dessus de sa tête en guise de bouclier. J'assistais à cette scène sans pouvoir intervenir, et pouvais juste apercevoir son regard terrorisé.
Il a suspendu son geste, et elle a tenté de s'échapper. Il a attrapé son bras, et alors que je n'entendais rien, il me semblais pourtant qu'elle lui hurlait de la laisser. Mais il a serré un peu plus fort et ses larmes se sont mise à couler.
J'enrageais comme une prisonnière enchaînée, qu'on empêchait d'aller la protéger. J'essayais de crier en voyant la marque sur son bras se dessiner, mais ma gorge aussi ne semblait pas vouloir m'écouter.
Alors j'ai posé mes doigts sur mon cou, et l'image est devenue flou.

*

Je me lève, quelques pas dans le noir pour retrouver mes esprits et je laisse l'eau couler. J'ai besoin qu'elle soit glacée, mes poings serrés, j'essaye de respirer calmement.
La douleur ravivée brûle mon visage et je plonge carrément la tête dans cette eau pour étouffer ce que je voudrais hurler.
Quelques pas pour calmer mon cœur qui cogne à m'en faire mal et direction la terrasse de l'étage pour prendre l'air.
Pourquoi je ne suis pas étonnée de la trouver ? Elle fixe la lune, et moi je me fige en m'approchant d'elle. Sur son bras, une marque de doigts qui brûle la peau bien trop abîmée.
Alors, doucement, ma joue à quelques centimètres de la sienne, je fixe moi aussi le ciel où transparaît juste cette lumière pâle mais assez puissante pour nous éclairer. Comme si elle et moi étions dans ce couloir du temps et de cette image dans mon rêve, qui semble être une réalité passée.
Elle ferme les yeux, elle sait que c'est moi mais ne bouge pas. Elle a froid mais après tout ça je n'ose pas lui toucher les bras. Alors je me contente d'approcher mes lèvres à son oreille :
_ Si il tente quoi que ce soit, j'interviendrais. Que ce soit mon rôle ou non, s'il ose faire ça, c'est moi qu'il affrontera. Et crois-moi que cette fois, je ne serais pas à terre comme la dernière fois. Ce type ne te mérite pas, tu mérites celui qui fera attention à toi.

Elle se raidit à cette dernière phrase, et moi je me dis qu'il est temps d'aller me recoucher parce que les prochaines heures risquent bien d'être musclées.
Juste quelques derniers mots murmurés :
_ Je n'ai rien à te dire, mais ne tarde pas, tu es déjà transie de froid.
Sa main se pose sur mon poignet et quand elle se tourne, ses yeux rougis semblent me supplier.
_Attends, ne pars pas, reste avec moi.

Je m'en vais sous son regard désespéré mais pour reaparaitre avec deux oreillers et deux couvertures dont une que je pose sur ses épaules.
Elle se retourne et s'effondre contre moi. Je passe mes bras autour de ses épaules, je veux être son bouclier contre cet enfoiré qui fait résonner tant de douleur en elle comme en moi.
Alors je la soulève pour la coucher sur la couverture à Terre.
Je m'allonge, à quelques centimètres d'elle, mais elle se retourne, me regarde et enfoui son visage dans mon cou.
Je ferme les yeux pour calmer ce qui se met à accélérer, et laisse son souffle s'apaiser.
Pourtant, je n'ai pas rêvé , sa respiration a elle aussi s'est légèrement accélérée avant qu'elle ne sombre dans son sommeil.

**
Quand je me réveille, la rosée couvre la terrasse, le soleil se lève et je rabats les couvertures sur son corps que j'ai regardé un peu trop longtemps, assez pour la désirer encore plus.
Je veux me lever mais une fois encore, elle se blottit contre moi, entre mes bras.
Je ne devrais pas faire ça, je devrais m'en aller. Mais je veux l'avoir une dernière fois contre moi avant qu'il arrive et s'en empare. Alors je reste un peu, et me rendors, le parfum de sa peau déclenchant le plus puissant des ouragans. Celui que je vais devoir combattre quand le prochain à la toucher sera celui qui n'a pas hésité à me frapper.

"Trop près de Toi" Où les histoires vivent. Découvrez maintenant