Élie :Si elle me faisait chuter ?

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J'essaye de m'occuper mais je guette mon téléphone et l'horloge qui tourne beaucoup trop vite.
Une heure trente de passée et j'essaye de me calmer, pourtant je souffle comme un lion en cage.
_ Eh merde !
Je fixe son téléphone sur la table qui vient de sonner parce que mon message vient d'arriver. Elle l'a oublié et ne connaît pas le coin, cette fois je porte mes doigts à la bouche comme un vieux réflexe des années passées.
Et alors qu'il sonne une seconde fois, j'ose à peine regarder mais c'est plus fort que moi.

Mon cœur se met à cogner, c'est lui qui écrit pour lui dire qu'il sera là samedi, avec un" bébé" pour terminer comme si elle lui appartenait toujours.
Mes doigts courent dans mes cheveux et se resserent de colère, et puis mon corps se relâche, elle est à une centaine de mètre sur la plage sans veste encore une fois.
Alors je me dépêche de l'attraper , la poser sur ses épaules est devenu un rituel pour lui rappeler que je veux la protéger comme symbole d'un bouclier où elle pourra s'abriter.
Je ralentis le pas, je veux l'observer, détailler chacune des courbes de sa silhouette.
Comment une fille si jolie pourrait vraiment au fond d'elle me vouloir à ses côtés ? Une jolie fille ne voudrait pas d'un loup balafré pour marcher et ne sachant même plus où aller.

Je ferme les yeux sous le vent frais et iodé, devant la mer qui, au loin, vient s'écraser sur les rochers. Elle sursaute comme réponse habituelle les premières secondes et puis veut attraper sa veste et pose ses doigts glacés sur mes mains.
Je rabats doucement ses bras le long de son corps et colle mon bassin au sien. Rien de rapproché, juste la puissance du vent frais pour nous faire comprendre qu'il va falloir se décider. Décider quel chemin l'une comme l'autre on va emprunter.

Alors elle ferme les yeux, reculant sa tête sur ma clavicule, comme pour que son parfum ai un peu plus raison de moi. Je lutte, ne pas fermer les yeux moi aussi, ne pas la laisser me faire basculer.

Pourtant, comme s'il avait pris la décision à ma place, le vent redouble m'obligeant à les plisser. Mes mains recouvrent ses bras et mon menton la serre un peu plus contre moi pour ne pas qu'elle ai froid.

Elle semble si sereine, alors pourquoi je ne le suis pas ? Pourquoi je me demande si ces galets ne sont pas ceux qui seront les seuls à me réceptionner si elle me faisait chuter ?

Ne plus penser, laisser l'océan se retirer. Et puis venir jusqu'à nos pieds, nos souffles coupés et ses doigts agrippant un peu plus les miens, pour ne pas tomber.

Et si finalement c'était ça ? Finalement si on tentait quelque chose et qu'on prenait le risque de toutes les deux ne pas se relever ?

Serrer les dents, se taire, ne plus penser, parce qu'elle m'offre enfin ces moments dont j'ai toujours rêvé.
Alors je me laisse aller après une dernière pensée : et si elle décidait samedi de s'approcher de lui et que ce moment devienne le pire des cadeaux empoisonnés ?

"Trop près de Toi" Où les histoires vivent. Découvrez maintenant