Freya : Je suis comme figée, ne sachant plus quoi penser

2.6K 147 24
                                    

J'ouvre la bouche pour répondre et me ravise. C'est clairement une fin à cette discussion, et j'essaye de capter son regard quand elle dépose un trait de chocolat fondu sur les pancakes.
Je fixe chacun de ses gestes, je ne veux pas la perdre, je veux la retrouver, je veux qu'elle me rattrape, je ne veux pas tomber.
Délicatement de ses doigts, elle pose de petites fraises des bois, framboises, et un léger nuage de sucre glace.
Mon cœur accélère, j'essaye de dire quelque chose, parce qu'elle n'a pas oublié.
Ce jour là, avec toute la bande, après une soirée  piscine, nous avions décidé de dormir à la belle étoile. Au petit matin, Bella me racontait son envie de petit déjeuner :

"_ Je rêve de croissants, des tas de croissants encore chauds.
Alors j'avais fermé les yeux, sous la chaleur du soleil en train de se lever pour lui répondre :
_Moi c'est fou mais moi je rêve d'un petit déjeuner américain. Tu sais l'assiette de pancake, fruits rouge, chocolat et sucre glace. Je crois même que je mangerais avant un morceau d'omelette épicé avec quelques brins de ciboulette. Chaque fois que je vois ça dans un film, je rêve qu'un jour, quelqu'un me concocte ça ou que je le fasse moi-même d'ailleurs. "

Je pensais qu'Elie dormait, mais je me rends compte qu'elle nous avait bel et bien entendu à ce moment là.
Cette fois, c'est mon souffle qui se suspend parce qu'elle sort des œufs du frigo qu'elle bat dans un saladier avant de ciseler de la ciboulette.

Il faut que je dise quelque chose mais je suis comme figée, ne sachant plus quoi penser. Je voudrais juste m'approcher, poser mes lèvres sur les siennes, et la remercier d'avoir fait attention à des mots et un simple rêve énoncé.
Elle lève les yeux vers moi, ça y est je suis en train de tomber. J'essaye pourtant de cacher cette tempête qu'elle déclenche à cet instant au plus profond de moi. Cette sensation qu'elle est la seule à pouvoir créer fini de me déstabiliser.
Et comme s'il elle l'avait compris, après de longues secondes à ne pas quitter mon regard, elle se détourne et ma gorge se serre. Je veux qu'elle vienne, je veux sa main sur le bas de mon dos, enfouir ma tête contre son épaule et me laisser aller.

Sauf qu'en cette seconde, je lui tourne moi aussi le dos pour aller me doucher.
Devant le miroir j'ai l'impression de suffoquer, et une larme menace de couler. Alors je me retiens mais saisis mon téléphone avant de pianoter. Je fixe le message, et le curseur clignoter, ferme les yeux, serre les dents, laisse mon cœur cogner et appuis sur le bouton "Envoyer".

"Trop près de Toi" Où les histoires vivent. Découvrez maintenant