Assise sur un rocher les manches tirées jusque sur ses doigts, je me demande si elle m'a attendu tout ce temps-là.
J'ouvre ma portière et lui fait signe de monter quand elle lève ses yeux rougis vers moi.
_ Où on va ?
_ Faire quelques courses pour manger, et pour samedi. Tu as une tenue ?
Elle baisse les yeux, évitant les miens :
_ Pas vraiment.
_ Alors on va aller chercher ça.
Elle joue avec son téléphone, ça signifie qu'elle est rentrée pour le chercher et qu'elle a vu ce message qu'il lui a envoyé.Mais le trajet se passe dans le silence, celui qui décide de nous séparer malgré mon envie de poser ma main chaude sur les siennes probablement glacées.
**
Le rayon homme, est celui où je trouverais quelque chose pour moi, ce sera chemise, cravate, gilet de costume et pantalon droit.
Pourtant si j'essaye de me concentrer, mon regard ne cesse de dériver vers cette fille fragile dont la peur m'envahit qu'il puisse me la voler. Elle glisse doucement ses doigts sur les différentes tenues, passant de robes à haut à dos nu.
Et puis elle finit par se diriger vers moi :
_ Tu peux venir avec moi pour l'essayage ? Me tenir le rideau, j'ai toujours peur que quelqu'un l'ouvre au dernier moment.Je ne répond pas vraiment mais lui emboîte le pas. Mon cœur parle sans que je lui en ai donné le droit quand je m'assois et fixe le rideau derrière lequel elle se déshabille.
Son pantalon glisse à ses pieds, et
je passe une main sur mon visage comme pour me rafraîchir les idées. Pourtant mon regard ne peut pas la quitter et remonte le long de ses chevilles, sur le peu de son corps qui m'ai dévoilé.Me concentrer, ne plus penser, cesser même de respirer. Mais la cabine s'ouvre et je ne peux pas masquer qu'elle m'attire sans cesse depuis des années et bien plus ces temps-ci.
De fines bretelles que mon corps réclame de faire glisser de ses épaules à la peau pâle et fragile et mes doigts qui jouent sur mon jean faisant déjà les gestes de doucement la dessiner.
Elle se tourne vers le miroir, m'attirant à l'intérieur :
_ Désolée mais je ne suis pas à l'aise avec les vendeuses qui viennent toujours fourrer leur nez pour donner leur avis.J'entends tout juste ce qu'elle dit, bien trop absorbée par son reflet.
Une fois de plus, je me demande comment une si jolie fille pourrait vouloir d'un cœur abîmé et d'une silhouette balafrée.
Cette fille qui est mon aimant, m'attirant et me poussant à murmurer à son oreille :
_ Tu es juste... Troublante. Beaucoup de regards risquent bien d'êtres volés à la mariée. En tout cas le mien, avec cette tenue ne pourra plus te quitter.Surprise, ses joues s'empourprent :
_ Tu exagére comme ça avec toutes les filles que tu croises ?Cette remarque pourrait me blesser, mais après tout, elle ne m'appartient pas pour que je puisse être atteinte.
__ Seulement avec celle qui ne me fera jamais un autre effet que celui qui résonne en ce moment. Et que toutes ces filles n'ont jamais eu sur moi.L'aimant brûle mes doigts et doucement j'attrape le bout des pans de sa robe autour de son cou. Elle se fige, alors que je fais uniquement ça pour légèrement les resserrer et non pas pour la déshabiller. Mais son desarçonnement me plaît, je me contenterais de ça, parce que mon aimant devient l'inverse de sa polarisation, émettant le signal qu'il est temps que je m'éloigne.
M'approcher, pour reculer quand trop de choses se mettent à résonner.Alors d'une voix soudain beaucoup plus froide en refermant le rideau, je prononce ces derniers mots.
_ Prend celle-là si tu veux, après tout ça ne sera pas spécialement pour moi que tu la porteras.Non ce n'est pas un jeu de chaud, froid. Avec elle, c'est bien pire que ça, c'est celui d'un cœur qui voudrait tellement battre mais n'y arrive pas.
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"Trop près de Toi"
RomanceUne simple réunion d'élèves, sauf qu'elle va durer deux mois d'été. Sauf qu'une des invitées n'est autre que cette fille qu'Elie a mis des années à essayer d'oublier. Sauf qu'il y a eu cette soirée, où cette fille s'est tout simplement évaporée qu...