"Trop près de Toi"

Élie :Comme une boussole que je ne devais pas perdre pour avancer.

Et puis la réalité cède la place à un temps ralenti comme dans ces films ou ces rêves où on a pas d'autre choix que de ne pas pouvoir bouger.
Lentement, ses doigts se desserrent, un long regard navré et alors que je tente de la retenir elle se détache pour s'en aller.
Un sourire assuré du côté de mon ennemi juré parce qu'il sait que la partie est en train de basculer.
Son téléphone où elle pianote, parmis les invités, mais juste son dos face à moi comme la pire des réalités. Tout semble se figer sauf mon cœur qui lui se met à dérailler et ma peur à s'amplifier.

C'est sa main à lui qui glisse sur son dos, et une flèche acérée qui me transperce alors que je suis toujours paralysée. Mon corps refuse d'obéir et mon cerveau même de réfléchir. Je me retourne pour partir fixant cet endroit à l'horizon, où je dois aller.

En costume mais petite foulée, j'enlève mes chaussures pour m'enfoncer dans ce sable humide et glacé. Ma mâchoire grince sous le poids de mon corps contracté et ma respiration s'intensifie.
Alors comme pour m'accompagner, ce vent se met à souffler et les pieds dans l'eau je me met à hurler.
Parce que l'eau devient comme ces miliers d'aiguilles, que je n'arrive plus depuis bien longtemps, à retirer. Parce que je ne pouvais pas la retenir, devant tout le monde sans que je prenne le risque de la faire remarquer.
Parce que plus aucune douleur ne fera cesser ce qui n'a jamais voulu arrêter de me ronger.

_Pourquoi t'as fait ça ?! Je suis partie loin d'elle ! Pendant des années j'ai essayé de faire taire ce qu'elle a declanché ! Je t'ai laissé construire cette putain de prison où tu m'as enfermé !

De l'eau jusqu'à mon cou et mon bras levé, mon téléphone dans ma main :
_ Et c'est toi qui me l'a ramené ! C'est toi qui m'a ramené cette fille que tu m'avais forcé à oublier ! Alors t'attends quoi ?! Que je m'éloigne encore une fois ?! Que tu me prenne pour qu'il n'y ai plus ce problème là ?! Mais vas-y ! Détruit mon cœur et moi pour qu'il cessé de résonner dans cette réalité ! Mais on sait toi et moi que dans n'importe quel monde elle sera ma destinée !

Alors que l'eau atteint mon menton, comme pour répondre à ma question, une vague m'oblige à reculer, l'Ocean se calme en se retirant et mon téléphone se met à sonner :"Lis ce message que tu n'as jamais ouvert et que je t'avais envoyé"
Je cherche, les phalanges pâles et pourtant les paumes rouges :"Élie, je ne referais pas la même erreur, si un jour il voulait recommencer, je ne le laisserai pas t'approcher. Même si pour ça je devais m'éloigner de cette fille qui finalement a touché mon cœur depuis tant d'années pour le faire accélérer."

Les poumons oppressés je ris, en remontant sur le sable. Parce que je viens seulement de comprendre. Les mains enserrant mes genoux, j'essuie l'eau qui coule de mes courts cheveux trempés.

Alors que depuis tant d'années, je pensais que la vie me disait de m'éloigner, elle me murmurait en fait que dans mon livre, ce serait elle mon marque page doré. Comme une boussole que je ne devais pas perdre pour avancer.