"Trop près de Toi"

Freya : Mais une chose a changé

Les mains collées au miroir, j'essaye de faire ralentir mon poult.
Inspirer, expirer et lever les yeux, me demander comment elle peut avoir sur moi le total contrôle alors que je ne l'ai plus du tout. Essayer de comprendre ce qu'a cette fille pour que tout mon corps se met à trembler d'envie qu'elle m'enlève cette robe. Taper ma paume sur cette paroi glacée et serrer les dents, m'en vouloir d'avoir cru que ce désir était partagé alors qu'elle voulait juste la resserrer.

Sous le coup de ma naïveté je peine et râle pour me changer. Et alors que j'essaye de rejetter ce qui résonne si fort que je ne peux plus le nier, je me demande pourquoi je n' entends pas sa voix, pourquoi alors que je grogne, elle ne me demande pas si ça va.
J'accélère pour sortir, et fait le tour du magasin plus qu'execedee, comme à chaque fois, elle a pris la solution de facilité. Celle de s'éloigner le plus possible de ce qu'elle pense qui la mettra en danger.
J'essaye d'être aimable avec la caissière mais souffle sous la lenteur de ses geste me gratifiant d'un regard de travers.
Comme pour décidément tout arranger, la pluie s'est mise à tomber. Et alors que je cherche toujours Élie du regard dans la rue, elle arrive derrière moi, un parapluie déplié pour ne pas que je sois trempée.
_ Je suis partie pour rapprocher la voiture, elle est de ce côté.
Je marmonne un :
_Mmm.
Cette fois la partie ne sera pas aussi facilement gagnée, d'autant plus qu'elle paraît amusée par mon air plus qu'enervé.
Et alors que le trajet commence, mon téléphone se met à sonner, des messages de celui que je préférerai oublier et qui insiste pour savoir pourquoi je ne répond pas.
Alors je finis par pianoter excéder.

_ Je te préviens, s'il tente quoi que ce soit avec toi samedi, je ne saurais pas me contrôler.
Je lève les yeux vers elle, ahurie :
_ Comment est-ce que tu sais que c'est lui qui...
Fixant la route, son ton devient glacial :
_ J'ai vu son message tout à l'heure quand ton téléphone était sur la table.

Cette fois s'en est trop :
_ Quoi?! Et je peux savoir pourquoi tu te permet de lire mes messages ?! Fais-moi descendre !
Elle rit parce qu'elle croit probablement que je plaisante :
_ Freya, sois sérieuse cinq minutes, tu...
_ J'ai l'air de plaisanter ?! Ouvre moi cette putain de portière et laisse-moi descendre !
Je sais que mon regard noir ne doit pas être très credible, pourtant, cette colère qui s'empare de moi est bien là, devant cette fille qui ne cherche toujours pas à savoir pourquoi.

La voiture s'arrête sur la jetée et elle tire le frein à main, aussi agacée que moi :
_ Voilà madame ! Fais-toi plaisir ! Sors !

Et alors que je me dirige droit vers les vagues une nouvelle fois déchaînées, je jette un coup d'œil derrière moi. Elle s'appuie sur la voiture, les bras croisés n'essayant même pas de me rattraper.
Mon cœur cette fois cogne comme s'il voulait sortir de cette prison en fer forgé. Je pourrais compter chaque battement et graduer cette douleur qui monte lentement.

Et alors que le drapeau est au rouge et que je marche tout de même sur le sable maintenant mouillé, sa main serre mon poignet me retournant vers elle et ses cris à travers le vent qui lui aussi s'est mis à hurler.
_ C'est quoi ton but ?! Te mettre en danger ?! Tu compte à chaque fois recommencer ?! Le danger dans ta vie c'est lui Freya ! Donc s'il débarque samedi tu pourras pas m'en vouloir de te protéger !

Ma respiration s'accélère parce qu'elle a raison et que personne ne m'a jamais parlé comme ça.

_ Qui a dit que j'avais besoin d'être protégée ?!
_ Ton corps Freya, ce qui résonne en toi ! Tu ne le dis peut-être pas mais je l'entends même à des miliers de kilomètres ! Je l'entends depuis le début Freya ! Mais toi t'as toujours considéré que le danger c'était moi !Qu' une fille qui pourrait te vouloir, ça le ferait pas ! Mais bordel Freya ! Je te demande pas de me vouloir moi mais d'arrêter de t'en vouloir à toi ! Ce qui s'est passé dans ta vie c'est que c'était écrit comme ça! Maintenant je suis là, t'es venue ici alors tu peux pas me reprocher d'interferer dans ta vie !

Elle plisse les yeux pour éviter les grains de sable d'y pénétrer mais son regard ne m'a pas échappé. Surtout quand elle pose une main sur le bas de mon dos pour me coller à elle.
_ Il faut qu'on remonte, l'océan n'est pas spécialement d'accord pour qu'on vienne l'approcher.
Alors d'un murmure presque inaudible, je souffle :
_ Comme toi Élie, tu ne veux pas que je t'approche et c'est ça qui m'a énervé. Je sais que je ne le mérite peut être pas... Mais... Le danger, c' est pas toi non plus. Toi t'es la bouée à laquelle je veux m'accrocher.

Seul le temps parle pour nous, il se calme un instant, celui où elle fixe mes lèvres et où tout son corps entre en contact avec moi. Et puis son cœur que je sens cogner et la tempête se remet à souffler.
Alors elle se dépêche de s'en aller, mais une chose a changé parce que sa main aggripe la mienne pour que je la suive et qu'elle ne pourra plus faire semblant de ne pas entendre ce que je viens de lui avouer.