"Trop près de Toi"

Élie : Je vais devoir y faire face

Un coup me réveille, c'est Freya qui se débat dans son sommeil encore une fois. Alors je pose ma main sur sa joue et l'appelle doucement.
Elle ouvre le yeux, se demandant probablement ce qui se passe. Mes doigts toujours sur sa joue, elle approche son visage et se met à fixer intensément mes lèvres.
Ma respiration accélère, et ma main glisse dans ses cheveux. Alors elle s'approche un peu plus, le souffle saccadé et je ne résiste plus. Je plaque mes lèvres sur les siennes, chaudes et sucrées, tant pis si elle doit me rejeter. Mais bien au contraire, elle en redemande se serrant un peu plus contre moi.
Mais alors que son téléphone se met à sonner, elle se met à paniquer :
_ Je suis désolée, je n'aurais jamais dû faire ça, je...
Une voiture arrive dans l'allée et Freya court dans les escaliers. Je frotte mon visage en essayant d'analyser ce qui vient de se passer. Je voulais qu'elle n'ai plus le choix , qu'elle soit confrontée à ce qu'on ressent visiblement toutes les deux.
_ Bébé !! Y a quelqu'un ?!

Les autres ont dû partir, parce que c'est Freya qui descend pour l'accueillir. Je me redresse et ne peux m'empêcher de regarder. Ce gaillard de plus de cent kilos de muscles, ce visage dont je me souviens trop bien, la réalité s'impose. Ce mec sur qui Freya colle ses lèvres juste après les miennes est bien celui qui m'a asséné cette droite dont je ressens toujours la douleur de temps en temps.
Sauf qu'à cet instant, ce qui me fait souffrir ne sont pas d'anciennes contusions, mais bien une blessure bien plus présente maintenant que je sais qu'elle a eu envie de notre baiser tout autant que moi.
Je passe prendre une douche, mais l'eau chaude peine à décontracter mes muscles. Je vais devoir y faire face, que je le veuille ou non.
Les autres viennent de rentrer, et des salutations sont échangées.
Alors je descends lentement comme un condamné, et fixe sa main carrée posée sur le bas de son dos pour la pousser :
_ Et si t'allais me servir un verre au lieu de rester là à côté de moi ? Je vais pas m'envoler par contre j'ai soif.

Une tape sur les fesses, encore plus froide que celle qu'on donne sur la croupe d'un animal pour le faire avancer. J'essaye d'inspirer, de me dire que ce moment ne va pas durer.
Je m'avance vers elle, dans la cuisine et pose ma main sur la sienne sans qu'on nous voit :
_ Ça va ?
Elle retire ses doigts aussitôt et s'éloigne de moi, glaciale :
_ Pourquoi ça n'irait pas ? Mon copain vient d'arriver et je suis contente de le retrouver.
Je sais qu'elle essaye de s'en convaincre bien plus que moi, et quand j'arrive à table dehors, elle me pointe du doigt :
_ Rob je te présente Élie, une ancienne connaissance...
Mon cœur menace de lâcher à ses mots, et Bella manque de s'etrangler ne comprenant pas non plus ce qui se joue devant nous.
Rob, lui, n'a rien remarqué, bien trop concentré sur moi. Je me dis que ça y est, il va me reconnaître mais au lieu de ça il penche la tête de côté :
_ Elie, avec un e ou sans e au bout, non parce que te vexe pas mais...

Freya devient livide d'un seul coup et je me dépêche de répondre :
_ Avec un e, et j'assume mon côté masculin t'en fais pas.
_ Ok alors on se sert la main !
Je serre assez ses doigts pour lui faire comprendre qu'il n'a pas intérêt à s'en prendre à elle comme à moi. Un sourire crispé il se dépêche de la retirer :
_ La vache, effectivement, t'as aussi la poigne d'un mec !
Non seulement il ne se rappelle pas de moi mais en plus il met tout le monde mal à l'aise. Ces prochains jours risquent d'être bien plus long que prévu.

D'autant que Freya, fuit mon regard autant que ma présence. Je me sens de trop et prends immédiatement la décision de repartir le lendemain matin.