"Trop près de Toi"

Freya : Quand je me réveillerais, quelle partie de tout ça sera réalité ?

Devant l'immense porte en bois, mon bras reste en suspend comme si je me réveillais d'un rêve qui n'était pas réalité. Me disant que j'ai peut-être fait n'importe quoi en venant jusqu'ici.
Mon courage me lâche, faire les choses sur un coup de tête ce n'est pas moi, comment pourrais-je croire que ça marcherait ?
Une ombre en haut, je serre les dents sous mon cœur qui vient de louper un battement. Si c'était celle de cette fille dans cette voiture l'autre jour ?
Je ne suis personne pour débarquer, je n'ai même pas réagi le jour où il l'a agressé. Je me rends soudain compte de mon culot, de me pointer ici, espérant qu'elle accepte de m'héberger et écouter ce que j'ai à lui expliquer.
Mes larmes se mêlent à la pluie, sur ma peau abîmée. Lui expliquer quoi ? J' aurais beau me trouver toutes sortes d'excuses pour ce soir là, rien ne changera. Je n'ai rien fait, je suis repartie avec lui.
Ma main redescend en un geste lent, mes poings se serrant.

Je dois m'en aller, alors je fais demi-tour, quelques pas et me retrouve au milieu d'une brusque tempête qui vient de se lever. Comme si elle me murmurait que je l'ai bien cherché, que je devrais juste me laisser emporter là où elle voudrait bien m'emmener.

Tentant de me repérer sous le peu de lumière que la lune veut bien me donner, j'essaye de me concentrer pour que mon corps cesse de trembler.
Je me demande juste où je vais dormir, combien de temps j'aurais à marcher pour atteindre le prochain village dans ce noir qui s'installe, des nuages noirs recouvrant petit à petit la lueur qui restait.
Mes dents claquent à présent et mes forces m'abandonnent, juste fermer les yeux, juste me laisser aller et m'endormir peu importe l'endroit où je me trouve.

Mes paupières obéissent à cette supplique, et mon corps ne tarde pas à basculer. Le sol qu'il heurte n'est pas si dur, à mon réveil il ne devrait pas il y avoir de grosses blessures.
Je ne sais pas combien de temps s'écoule, je sais juste que j'ai de plus en plus froid quand résonnent des pas. Des pas qui accélèrent, et une lumière par intermittence.
_ Freya ?! Freya?! Oh bon sang !

Le sol qui tremble légèrement sous le tonnerre ou peut-être parce qu'elle s'est mis encore plus à accélérer.
_ Je suis là, accroche-toi à moi, passe tes mains autour de ma nuque. Là...

Un cri parce que je dois être lourde à porter. Pourtant je ne résiste pas à enfouir ma tête dans son cou et respirer son parfum.
Un feu de cheminée, et ses mains qui me déshabillent. Aucune hésitation pour elle, mon état ne doit pas être beau à voir.
Pourtant j'essaye de l'aider, et fini par rougir quand je m'aperçois que je suis en sous-vêtement devant elle.
Elle me tend un tee-shirt que je réussi à enfiler, et puis revient quelques minutes après avec un thé.
Son regard bienveillant, sa main dans mes cheveux et des tremblements de nouveau mais pas pour la même raison.
Alors elle pose une couverture sur moi et passe son bras pour me serrer contre elle.

Sa respiration pour m'apaiser, et puis cette simple question avant de basculer. Quand je me réveillerais, quelle partie de tout ça sera réalité et laquelle aurai-je rêver ?