"Trop près de Toi"

Freya : je ne pourrais pas cette fois-ci échapper à la réalité.

Je souris en regardant à travers la vitre. Comme pour coller à cette image qu'on a de cet endroit, la pluie s'est mise à tomber.
Je cherche en vain une veste pour me protéger, tant pis je serais trempée.
J'appelle un taxi pour m'emmener à l'adresse indiquée par Liam me revoyant au guichet.

J'ai ouvert la bouche mais j'ai été incapable de donner mon adresse. Alors j'ai sorti mon téléphone en envoyant un message à Bella disant qu'il me fallait d'urgence l'adresse d'Elie. Je pouvais ressentir son hystérie à travers ses messages qui commençaient tous par des :Oh bon sang ! Oh bon sang ! ", j'ai dû mettre quelques minutes pour la calmer pour qu'elle demande à Liam le renseignement qui était plus qu'urgent.
Durant tout le voyage, mes genoux se sont entrechoqués et mes mains frottaient mon jean en me disant que j'étais complètement tarée. Je me suis même levée, fixant le bouton pour arrêter le train, et toute cette histoire qui allait beaucoup plus vite que ce TGV.

Mais mon cœur s'est mis à cogner à l'idée de la revoir et d'imaginer mon arrivée.

*

Pourtant quand je monte dans le taxi, et que j'appuie ma tête sur le siège, je commence à douter. Et si elle avait vraiment envie d'être seule, si elle voulait tout oublier ?
Ma respiration se fait de plus en plus courte quand je vois le GPS indiquer les cinq dernières minutes.
J'essaye d'inspirer, je ne vais pas tenir à ce rythme là. Je ferme les yeux, je ne veux pas voir la destination s'afficher.
J'agripe le siège avant, je vais ouvrir la bouche, simplement demander de faire demi-tour.
_ On est arrivé mademoiselle.

Je fixe la petite maison au bout du chemin et mon cœur manque de lâcher. Je me demande même si mes jambes vont réussir à me porter.

La pluie continue à tomber, et une lumière dans la maison en haut est allumée. Mes doigts tremblent de froid et de peur, je ne comprends pas mon état, pourquoi suis-je si angoissée que ça ? J'ai l'impression d'être une ado à son premier rendez-vous, alors que je ne viens pas ici pour ça.

La sonnette retentit et quand la porte s'ouvre, tout s'effondre sous mes pieds. C'est une jolie blonde qui m'ouvre, vêtue d'une chemise masculine trop grande pour elle et d'un short noir.

J'ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Ma gorge se serre, et je retiens mes larmes. J'essaye de comprendre pourquoi j'ai si mal à cet instant.

_ Vous allez bien ? Vous êtes perdue ?

Oui je suis perdue, perdue dans ce que je ressens, dans ce que signifie cet instant. Ce que la vie essaye de m'expliquer pour une fois que je ne réfléchis pas, pour une fois que je fonce sans me demander ce qui arrivera.
J'essaye d'articuler avec difficulté :
_ Je venais voir El...
Je ne peux pas finir et fais demi-tour, m'apprêtant à rappeler un taxi.
_ Eh attendez ! Si vous cherchez Élie, c'est la maison suivante sur le haut du sentier.
Je me fige, et me mets à rire nerveusement. Je me retourne alors la remerciant, puis parcourant les derniers mètres. Pourtant je suis terrifiée, si la même scène se reproduit, je ne pourrais pas cette fois-ci échapper à la réalité.