Alcée

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Note aux lecteurs(ices) :

Oui, le nom d'Alcee ne vous dit rien, et portant il y a bien un lien avec Élie et Freya...😊😊

Je sais que je vais encore prendre ce raccourci, je sais que je veux la voir encore une fois, je sais que je n'y échapperai pas.

Ne pas échapper à ce qui fait écho en moi quand mes pas accélèrent pour arriver avant qu'elle ne commence à jouer. Rater le premier tram, rentrer une heure plus tard juste parce qu'un jour la météo m'a conduit jusqu'ici jusqu'à cette fille à laquelle pourtant je n'avais jamais prêtée attention.
Un simple retard sans expliquer pourquoi, pour le tram suivant il avait fallu attendre deux heures de plus ce jour là.
Alors j'avais décidé de me balader, même si le ciel noir menaçait de me tremper.
Ce n'était décidément pas une bonne journée, les mains dans les poches je fixais amèrement mes chaussures presques trouées quand tout a basculé.
Des notes profondes, un air qui plus que la pluie qui commençait à tomber, vous inonde.
Le genre de musique qui sans savoir pourquoi provoque ces frissons sur vos bras. Après tout ce ne sont que des sons accordés, ceux accrochés à des morceaux de bois dans son cas.
Une vieille contrebasse ou un vieux violoncelle parfois, elle aime quand c'est grave et infini. Avec ses mitaines et son bonnet gris, son gilet sans manche, son jean troué et ses baskets customisées, je me demande encore aujourd'hui si c'est un style qu'elle choisi ou une tenue forcée.

Mais ce que je sais c'est que ce jour là, je me suis arrêtée. Elle a continué à faire glisser son archet alors que même une fine grêle voulait l'en empêcher. Pourtant c'était trop tard, elle était déjà partie là bas. Dans le même endroit que moi ? Je ne sais pas. Mais on était toute les deux figées enfin plutôt moi les mains dans les poches me rendant compte trop tard que j'étais mouillée et que j'avais raté encore le prochain tram.

Je ne pouvais plus détacher mon regard de cette fille comme envoûtée, avec ses yeux toujours fermés. Je finissais même par me demander si un jour j'en verrais la couleur, ou si son monde à elle n'était plus teinté que de noir et de torpeur.

Ça doit faire près d'un mois, et je suis toujours là, cachée quand elle commence à jouer. Je n'ose pas me trahir et qu'elle comprenne mon détour pour la voir.
Sauf qu'aujourd'hui je cesse de respirer, parce que si son violoncelle est là, le silence l'a remplacé. Je me rapproche de l'endroit où elle joue et de son étui pour y voir un mot expliquant son absence.
Mon regard balaye la rue, et quand elle arrive les doigts rougis par le froid sur un goblet de café, je me dépêche de dire à mon cœur de cesser de cogner.
Parce que j'essaye chaque jour de me convaincre que c'est sa musique qui m'emporte, il ne faut pas que ça soit elle. Alors je me met à détaler vers le tram, soulagée qu'elle ne m'ai pas remarqué.
Je pose un pied sur le trottoir avant de monter quand mes mains courent sur mes poches et que je me met à paniquer. J'ai perdu mon trousseau de clé de mon boulot et de ma porte d'entrée, et je sais que pour les récupérer je ne vais pas avoir d'autre choix que d'aller les lui demander.

"Trop près de Toi" Où les histoires vivent. Découvrez maintenant