Chapitre 3: Le Début de la fin

4K 521 224
                                    

Djamilatou

J'entendis l'alarme sonner. J'avais du mal à me lever. La journée d'hier m'avait épuisée. Je gardais mes yeux fermés un instant, profitant du peu de temps qu'il me restait. Je me levais enfin et vis l'heure 5h30.

La seule chose qui me motivait c'est de savoir que je pourrai aider mes patients. Je soupirais et me levais enfin. Je fis attention à ne pas faire de bruit sous peine de réveiller ma mère.
Bien que ça puisse étonner certains, j'avais décider de rester vivre avec elle depuis que papa est parti. Elle se sentirait seule et même si elle ne le montrait pas je savais que cela l'affectait.

Avec mes frères, on essayait toujours de ne pas la laisser seule même s'ils ne vivaient pas ici. Je ne pris pas la peine  de manger et rentrais dans la douche.
Une vingtaine de minutes plus tard j'étais enfin prête. Je regardais l'horloge murale, j'avais encore du temps.

Je descendis et finis par m'allonger sur le divan en attendant qu'il soit pour moi l'heure de partir. En repensant à ma fin de soirée d'hier, je sentis mon coeur se comprimer. Je n'avais toujours pas reçu de message, rien , aucune explication. C'est bien là le danger de l'amour, s'attacher de telle sorte que vous ne puissiez plus vivre sans cette personne. J'avais tenté d'appeler Aïssata mais elle non plus n'était pas disponible.

Aïssata, c'était sûrement la fille dont j'étais la plus proche. Mon amie la plus fidèle je dirai. À elle je pouvais tout dire. On s'est rencontrée pour la première fois, il y'a quelques années dans la même université. Elle aussi avait opté pour le monde de la santé mais avait choisi d'être infirmière par la suite.

Je finis par me lever, il était temps pour moi d'y aller. Le chauffeur étant en congé, je devais aller à l'arrêt de bus du quartier. Je pris mes affaires et sortis sans oublier de laisser un mot à ma mère sur la table basse. Je ne voulais pas prendre le risque de recevoir une centaine d'appels et de messages.

Je sortis et me dirigeais vers l'arrêt de bus. Pas moins d'une vingtaine de minutes plus tard, j'étais arrivée. À cette heure les bus étaient quasi vides, la voie libre. Tout était au rendez vous pour arriver tôt. J'avais horreur des retards.

Une fois arrivée à l'hôpital je saluais Marie qui finit par me dire que la réunion débutait dans une dizaine de minutes. Le directeur général nous avait convoqué pour une réunion qui d'après ses dires serait importante et ce avant huit heures donc avant que les patients ne soient là. Je la remerciais et montais dans mon bureau, installer mes affaires.

Quelques minutes plus tard, je rentrais dans la salle prévue pour pour la réunion et saluais tout le monde. Tout le monde était là, on pouvait enfin débuter.

Le directeur prit la parole:

- Alors bonjour à tous. J'espère que vous allez bien! Voici deux représentants du ministère de la santé, Mr Diop et Mr Tall, là pour un point desormais très important: Le bilan de santé.
Vous serez répartis dans différents hôpitaux car étant trop nombreux. Je tenais à préciser que cela se fera sûrement dans la semaine, vous aurez les résultats la semaine suivante. Bien sûr, votre bilan sera accompagné d'une fiche signalant les retards et les absences que je vous remettrai moi même.

Le bilan de santé est un acte qu'on qualifierait de préventif. Il désigne ainsi l'ensemble des examens médicaux. Il permettait donc d'évaluer l'état de santé du patient, d'en déceler des pathologies et par conséquent de pouvoir le prendre en charge plus tôt.

Bien que l'idée soit appréciable, j'avais en revanche une proposition qui pour moi paraissait beaucoup plus importante. Après qu'il ait demandé si nous avions des propositions ou des revendications, je pris la parole.

- J'ai plutôt une proposition.

- Allez y !

- Nous pourrions mettre en place une association caritative pour les plus démunis, ceux qui n'ont pas les moyens de se payer certains soins. Bien sûr on ne pourra pas aider tout le monde, mais quelques uns.

- Très bonne idée. J'approuve celle-ci. Et comment comptez vous récoltez des fonds? À nous seuls nous ne pourrions pas.

- Je pensais à une sorte de cagnotte mise en ligne. On pourrait avoir des sommes importantes après avoir fait passer notre message.

Il eut à peine le temps de répondre qu'une de nos collègues le devança.

- Ah oui et le compte sera au nom de qui? On est jamais trop prudent.
Je tenais aussi à dire que nous ne sommes pas un orphelinat ou je ne sais quelle autre structure sociale. On est pas là pour du bénévolat. Si vous y tenez tant, autant donner l'accès à des soins gratuits pour tout le monde dit-elle en me souriant

Le directeur finit par reprendre la parole:

- Votre collègue n'a pas tout à fait tort. Il faudrait qu'on sache exactement à qui devrions nous payer ces soins. Il y a bien trop de malhonnêteté.

- Mais tout ceci ne sera pas fait sans une enquête sociale au préalable docteur rétorquais je.

- Je suis pour. La séance est terminée. Passez une bonne journée finit-il par dire.

Je retournais dans mon bureau en attendant huit heures.
Les heures passaient et l'hôpital était bondé. On avait du mal à gérer les patients. Pour certains nous étions obligé de les reconduire dans d'autres hôpitaux, faute de place. Nous n'avions pas le choix. Et encore il fallait espérer que ces hopitaux aient de la place et que la file d'attente ne soit pas longue.

Cela peut vous paraître lâche mais ces moments là que je me sens partagée.

D'une Part l'envie d'aider et de l'autre celle de fuir ou mieux encore de craquer.

Vous vous rendez compte du fait que nous ne pouvons soigner tous ces patients. Encore moins à temps. Est ce que vous vous rendez compte du regard que ceux-ci vous lancent? Des appels à l'aide, des cris du coeur, des supplications tellement puissantes. Parfois il vous arrive de vous sentir inutile dans certaines situations.

Je sortais de mes pensées quand je sentis un liquide chaud se déverser sur moi. Je me retournais et fis face à à la seule personne que je n'avais pas envie de voir... Fatima. Je soupirais, ma blouse était fichue.

- Oups désolée j'ai pas fait exprès je t'avais pas vu me dit-elle accompagné comme toujours de son sourire hautain.

- C'est pas grave. Juste fais attention à la quantité de café que tu ingurgites je ne veux pas prendre le risque de te confondre avec le tableau noir de la salle d'attente... ce serait vraiment dommage tu crois pas? Lui dis-je en souriant

C'était puéril je vous l'accorde mais je n'en étais pas moins fière de ma réponse. Une horde de patients m'attendait je n'avais plus assez de temps.

Quelques heures plus tard

L'heure de la pause approchait. Plus que cinq minutes et je pourrais souffler. Habituellement je restais avec des copines ou Latyr mais il est resté injoignable toute la semaine. Il ne m'avait donné aucune nouvelle de lui.
D'ailleurs en parlant de lui, je devrais peut être encore tenter de l'appeler.
Je regardais ma montre, il était treize heures. Après un moment d'hésitation je finis par l'appeler.

Conversation téléphonique

- Allô

Il avait enfin répondu, je ne pouvais qu'être soulagée.

- T'es passé où toute la semaine? J'ai même pas réussi à te joindre. Comme si ça ne suffisait pas tu m'as posée un lapin.. enfin je ne te comprends p-

- Du boulot m'attend. Ciao

                     ___________

Ce n'était que le début de la fin.




Djamilatou: Blessure sucrée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant