Chapitre 31: Une soirée

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Dédié à ramih23

Djamilatou

Aujourd'hui, tout le monde se réunissait à la maison pour dîner avec mes frères; accompagné pour l'un de sa femme et pour l'autre de sa fiancée.
Je m'apprêtais accompagnée de ma mère et nous descendions attendre leur venue. Tout était déjà prêt pour les accueillir, je soupirais en voyant toute la nourriture à volonté sous mes yeux. Je me retournais, tapotais le bras de ma mère, prenant la voix la plus triste possible et lui disais:

- T'es sûr que je peux pas goûter juste un peu avant qu'ils n'arrivent? Dis-je le regard plein d'espoir.

C'est le ventre criant famine que je me lamentais auprès de ma mère.

- Non.

N'avait-elle aucune pitié pour sa fille, sa seule fille raison de plus pour me nourrir.Je soupirais découragée les yeux larmoyants à peine. C'est sûr qu'avec ce "non" aussi catégorique, y avait plus de place pour un quelconque espoir

- Si je meurs, c'est ta faute sache le dis-je irritée.

Je m'allongeais sur le divan, n'ayant rien d'autre à faire. Laissant ma mère suivre ces programmes aussi ennuyeux les uns que les autres. Je détestais ne pas être occupée dans certains moments. N'avoir rien à faire, c'était laisser libre court à mon esprit pour ressasser certaines pensées que je voulais taire.

Comme le fait que les agissements de mon médecin traitant me troublaient, il m'arrivait quelques fois de ressasser le passé en passant vaguement à Aïssata, Latyr.

Je sortais de mes pensées quand j'entendais toquer à la porte de la maison. Ah! Enfin là. Je me levais rapidement et allais ouvrir avant de tous les faire rentrer.

- Toujours aussi moche? Dis-je en souriant à mon petit frère.

Comme prévu, ce soir tout le monde se réunissait à la maison. Ça faisait toujours du bien d'être en famille, y a pas plus important que les liens familiaux.

- Toujours aussi petite? Dit-il en me narguant.

Je roulais des yeux, exaspéré par la situation et le poussais pour faire saluer notre aîné; avant de faire la bise aux deux femmes. Suivie bien sûr de ma mère.

Quelques minutes plus tard

Nous nous retrouvions attablés, les discussions fusant de partout. Y avait cette ambiance qui avait le don de redonner de la chaleur au coeur.
La seule personne qui manquait à l'appel était papa.

Après tout, c'est toujours difficile un proche et je pense que ça l'est encore plus quand c'est un de nos parents. Il ne quittait jamais mes pensées. C'est souvent quand on perdait quelqu'un qu'on réalisait qu'on voulait dire plus de choses qu'on aurait aimé dire. C'est la vie et ses imprévus et on a d'autres choix que d'y si confronter. Parfois nous nous voyons imposer des règles par la vie sans que nous ne puissions rechigner si ce n'est garder espoir et nous en remettre à notre créateur.

- Je profite donc de cette occasion pour vous annoncer que j'ai été promu et que je vais devoir déménager dans une autre ville Marie et moi pour mon travail.

- Oh mon Dieu je suis émue, j'aurai plus à te revoir et honnêtement ça me fait énormément de bien dis-je en faisant rire les gens autour de moi.

Je n'allais pas le cacher, c'était mon grand frère et j'étais très fière de lui. On avait juste notre langage à nous entre mes frères et moi. On ne faisait partie de ceux qui se montraient affectueux.

Après un repas digne de ce nom, c'est sûr que j'avais pris au moins trois kilos aujourd'hui.

Après le dîner, nous étions tous autour de la petite table basse du salon entrain de jouer au carte. Sauf maman bien sûr qui elle préférait enchaîner les journaux télévisés. Je ne vous décris même pas le plaisir que j'ai eu en voyant mon petit frère éliminé.

- Je reviens, deux secondes et pas de tricherie dis-je en me levant et en prenant la direction de la cuisine.

Je revenais au salon avec un plat rempli de nourriture et me rasseyais.

- Mets toi au régime Djami dis mon petit frère.

- Tu ferais mieux de faire comme moi, t'es tout sec dis-je en rigolant.
Reprenons notre partie j-

J'allais continuer ma phrase quand ma mère nous demandait de prêter attention au journal.

J'étais tombée de haut en entendant la nouvelle.

"Vous êtes en direct de la RS, nous venons d'apprendre la mise aux arrêts du PDG de l'hôpital. D'après certains témoignages recueillis auprès des limiers, il serait impliqué dans un trafic de greffes d'organes ce qui expliquerait en grande partie selon les enquêteurs, la pénurie de cette denrée rare sur le territoire sénégalais. Le ministre de la santé vient tout juste de s'exprimer en direct de son lieu de résidence, en qualifiant cet acte de 《répugnant》. Dans quelques heures, sera annoncé la personne qui lui succédera. Restez en direct de la RS pour de plus amples informations."

C'est en état de choc que je déposais mon plat sur le guéridon du salon. Il n'avait peut être pas été bien envers moi, mais cette histoire sortait vraiment de l'ordinaire. Tout ça avait éclaté depuis quinze heures. Apparemment le ministre avait déployé des enquêteurs dans plusieurs hôpitaux pour l'absence de greffes d'organes.

" Cette rocambolesque affaire d'organes a en effet secoué le peuple Sénégalais. Monsieur Fall, le ministre, n'a donc pas tardé avant de faire son choix. L'hôpital sera dirigé par Fatima Ndiaye, l'une de ses collègues. Ce sont dans les locaux de la police, que le Docteur Seck passera sa nuit; en attente de l'examen de son dossier et de son jugement."

Pour une seconde fois, je tombais des nues. Fatima gérer cet hôpital? Je n'imaginais même pas sa joie en ce moment. J'ai surtout pitié de ceux qui devront la supporter. Y avait tellement de personnes plus compétentes qu'elles, sans vouloir la critiquer. Encore heureuse que je ne sois plus là bas. Cette histoire me paraissait encore plus louche face à cette nomination.
Je ne me souciais pas plus que ça et reprenais mon plat et le terminant par la même occasion.

- Heureusement que tu n'es plus là bas me dit ma mère.

- Ça tu l'as dit maman. Déjà qu'on ne se supporte pas, je ne pense pas que j'en serai capable en la sachant mon supérieur répondis-je à ma mère.

Je ne crois pas qu'un jour j'aurai été contente d'avoir le cancer du sein. Comme quoi, ça a eu son avantage.

Il était déjà vingt deux heures. Je saluais une dernière fois mes frères et leurs compagnes avant de monter en compagnie de ma mère pour une bonne nuit de sommeil.
Ça faisait déjà une trentaine de minutes que je me tournais et me retournais sur mon lit.

Je ne savais si je serai encore capable de me donner, de m'offrir pleinement à quelqu'un. Je pensais encore et encore à lui, à ses agissements envers moi.
Le fait de ne pratiquement rien connaître de lui ne m'arrangeait pas vraiment.

Je commençais à m'endormir quand mon portable se mit à vibrer sur la table de chevet. Je tendais le bras et l'attrapais avant d'ouvrir le message.

Encore un qui s'était trompé de numéro.

Quelques minutes plus tard je ne tardais pas à trouver le sommeil.

Djamilatou: Blessure sucrée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant