Chapitre 5: R.A.S

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Djamilatou

Je me réveillais vers sept heures aujourd'hui. Je commençais assez tard les lundis. De quoi se relaxer avant le boulot. On ne pouvait nier le fait qu'être médecin était stressant.
Je me recouchais et pris mon téléphone. J'avais reçu de nombreux messages, tous venant de lui. Il me manquait, c'était indéniable. Les jours passaient et je n'étais plus en mesure de supporter cette situation.

Après un moment passé à ressasser des souvenirs, il était temps pour moi d'y aller.

Une fois arrivée je saluais Marie qui elle me disait que le rapport de santé était déjà arrivé.
Je montais dans mon bureau et déposais mes effets. Je vis une enveloppe posée sur mon bureau. Je supposais que c'était le bilan de santé.
Je l'ouvris et en sortis le papier.

Prélèvements sanguins: Rien à signaler

Examens gynécologiques: Idem

Au bout d'un moment j'avais arrêter de lire ce document, il n'y avait pratiquement aucun problème concernant mon état de santé. Et pourtant...

Au terme de ce bilan, une consultation avec le Docteur Diop vous est recommandée ce mardi à quinze heures pour des examens supplémentaires.

Je ne comprenais pas. S'il n'y avait pas de problèmes majeurs pourquoi devrais-je m'y rendre? Ils avaient le don de stresser les gens. Je soupirais et rangeais le document, je préférais ne pas y penser sous peine de faire n'importe quoi avec mes patients. Ma journée semblait avoir bien commencé.

Je pris le fixe et appelais Marie.

- S'il te plaît, le second rendez vous avec Mme Fall est bien prévu pour aujourd'hui?

- Quelques secondes.... oui c'est bien cela.

- Merci!

Je raccrochais et me changeais pour enfiler ma tenue de service.
Finalement, le rendez vous n'a pas été si long que ça. Je dirai même qu'il a été plutôt rapide. Je la raccompagnais et descendis à l'accueil. Il fallait que je me désaltére.

- Docteur, on a besoin de vous au bloc!

Je me retournais et fis face à une infirmière.

- Allons y dis-je en la suivant.

Avant d'y rentrer, je pris le soin de mettre une tenue beaucoup plus adaptée. C'est bien ce que je détestais dans ce métier, être prise au dépourvue. Vous n'aviez même pas le temps de réfléchir. Et encore la vie du patient était entre nos mains.
Devoir annoncer une mauvaise nouvelle à un proche était ce que je redoutais.

Certains sont froids, ils ne prennent pas le temps de se soucier de ce que peuvent ressentir les proches. Et ça, ça me met hors de moi.

En rentrant dans le bloc, j'entendis le "bip" incessant de la machine qui d'ailleurs ne signalait rien de bon.

- ON EST ENTRAIN DANS LE PERDRE.

Dire que c'était la panique totale dans le bloc, serait un euphémisme.
Je finis par dire:

- Il ne doit pas nous lâcher... administrez lui de l'adrénaline dis-je dans l'espoir que son coeur se remette en marche.

L'adrénaline était une hormone que nous secrétions nous même. Celle-ci accélérait le rythme cardiaque et dilatait les bronches. Celle-ci est comparable à un stimulant pour le coeur.

Les minutes passaient mais toujours aucune réaction de la part du patient.

- Passez moi le défibrillateur cardiaque dis-je

Dernière tentative.

L'objectif de cet appareil est de traiter en urgence un arrêt cardiaque.

On l'avait perdu.

Le silence se fit dans la salle. Pas besoin de parler, on avait compris.

Il était parti.

Je finis par m'avancer et refermais ses paupières.

C'était un échec.

- Débranchez le dis-je aux infirmiers présents.

Je regardais la porte du bloc opératoire. Ce n'était pas fini, un autre problème se posait.

Qui irait leur annoncer la nouvelle?

Tous se regardaient, attendant que l'un ou l'autre se décide à y aller.
Je soupirais et finis par leur dire:

- C'est bon j'y vais.

Je ne savais pas quel était le plus dur. Perdre le patient ou devoir annoncer la nouvelle aux proches. Dans tous les deux cas, c'était difficile. Je sortis du bloc et me dirigeais vers les proches. J'essayais du mieux que je pouvais de ne pas craquer et de ne pas laisser trahir mes émotions.

- Il est parti.

Il était toujours pour moi difficile d'annoncer ce genre de nouvelles. C'était comme briser le coeur de quelqu'un.
Je vis la dame, celle que je supposais être sa mère éclater en sanglots.

- Je n'aurai pas dû le laisser sortir ce soir là... je n'aurai pas dû dit-elle en pleurant

Je n'osais pas imaginer ce qu'elle ressentait. Perdre son enfant, c'était comme arracher le coeur d'une mère à mains nues.

- Écoutez vous n'avez rien à vous reprocher. On ne peut jamais prévoir ce qui arrivera Madame.
J'en suis sûre qu'il n'aimerait pas vous voir comme ça. Soyez forte dis-je en essayant d'être rassurante.

Je finis par la quitter sinon ce serait moi qui finirait en larmes dans la salle d'attente. Je sentais mon coeur se compresser. C'est dans ces moments là que je détestais mon métier. Malheureusement ce sera toujours ainsi, on ne pourrait jamais éviter cela.

Quelques heures plus tard, j'avais fini mon service. Je pris mes affaires et sortis de l'hôpital.
Une fois rentrée, je vis quelqu'un assis  devant la maison.

- T'es devenu un sans domicile fixe? Dis-je en roulant des yeux

- Donne moi juste quelques minutes, après je partirai si tu veux. Écoute moi s'il te plaît.

- Rentrons alors.

Je connaissais bien les femmes de ce quartier. Toujours à l'affût de la moindre histoire. Il n'y avait que de ça qu'elles vivaient, les rumeurs et les histoires.

Une fois rentrés je posais mes affaires et me retournais vers mon fiancé.

- Tu as deux minutes dis-je en m'asseyant sur le canapé.

- Écoutes... je suis vraiment désolé pour tout ça. J'ai pas voulu te blesser et tu sais que je ne le ferai jamais intentionnellement, ce n'était pas mon but. On devait aller chez la décoratrice mais ma mère a fait un malaise cardiaque, je ne pouvais pas me résigner à la laisser seule. Je sais que tu as dû douter du fait que je t'aime et que je tienne réellement à toi mais je te promets que c'est pas le cas. T'es la seule que j'aime et si c'était pas le cas je ne t'aurai jamais demandé en mariage. Je veux faire de toi ma femme, la seule et l'unique. Je veux que tu sois celle avec qui je fonderai une famille, celle avec qui je me marierai mais surtout celle avec qui je viellirai. Tu es ma vie, je ne vis que par toi. Moi sans toi, ce n'est pas ce que j'appellerai une vie. Tu m'es indispensable.
Je t'aime.


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Je n'aurai pas dû craqué.

Djamilatou: Blessure sucrée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant