Dédié à FatoumataDiakhaby7
Djamilatou
Quelques mois plus tard
Bientôt un an.
Bientôt un an que je me battais.
Bientôt un an que je pleurais autant extérieurement qu'intérieurement.
Bientôt un an que je tentais de garder la tête haute.
Bientôt un an que jour et nuit je ne retrouvais pas la paix.
Bientôt un an que mon âme était tourmentée.
Bientôt un an que j'avais attrapé ce foutu cancer.
Bientôt un an que je n'attendais qu'une seule chose, celle d'être enfin libérée.Je me réveillais ce matin, en tristesse, un peu comme tous les jours. Je n'avais plus d'espoir. Dans certaines situations il ne valait mieux pas passer son temps à espérer sous peine de faire face à une désillusion totale. Je me levais et rentrais dans la salle de bain, tout en évitant soigneusement de regarder ce miroir.
Miroir que j'évitais de regarder depuis maintenant quelques semaines.
Miroir que je fuyais pour ne pas faire face à la réalité.
Miroir que je tentais d'esquiver pour ne pas voir une fois de plus ce à quoi je ressemblais.
Miroir que rêvais de briser pour ne plus jamais voir mon reflet.Je rentrais dans la baignoire et laisser enfin couler mes larmes. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait.
J'avais prié.
Prié de toutes mes forces.
Prié pour que Dieu me vienne enfin en aide.
Prié pour que je puisse enfin guérir.
Prié pour qu'il me délivre.
Prié pour qu'il me sauve tout simplement.J'avais rendez vous avec le docteur, mais le coeur n'y était pas. Je dirai d'ailleurs qu'il n'y était plus. J'avais perdu espoir.
Espoir, espoir, espoir
Que signifiait encore ce mot pour moi?
Rien, absolument rien.
Comment garder espoir face à tout ça?Je m'enfonçais encore plus sous l'eau et tentais d'oublier.
Oublier que je souffrais.
Oublier que je ressentais une profonde solitude.
Oublier qu'au fond je sais que ma famille souffre.
Oublier que je suis malchanceuse.Ils m'ont dit que Dieu n'éprouve que ceux qu'il aime. Je veux bien y croire. Mais n'avais je pas assez souffert? Ou alors on ne souffre jamais assez dans la vie? La souffrance n'a t'elle pas de limites?
Je sortais une trentaine de minutes plus tard les yeux sûrement bouffis par les larmes et m'apprêtais pour aller à mon rendez-vous. Je m'en fichais pas mal de ce que les gens penseront de moi en me voyant comme ça. J'essayais toujours de quitter la maison avant qu'elle ne se lève, laissant juste un mot sur la table basse du salon. Elle me poserait des questions en me voyant ainsi, je ne lui répondrais pas et même quand elle le faisait j'évitais d'y répondre. Elle souffrait déjà assez, rien que pour moi.
J'avais la vive impression de vivre au ralenti.
De ne plus être maître de moi même. Comme si mon esprit ne répondait plus.
J'étais comme déconnectée de ce monde.
Je subissais une routine.
J'errais sur terre sans grande conviction.
Je me sentais partir tout doucement, flancher chaque minute qui passait.Je sortais de chez moi, après avoir dit au revoir à ma mère.
J'étais dupe.
Dupe de croire que je m'en sortirais aussi facilement.
Dupe de croire que je n'avais besoin de personne.
Dupe de croire que je guerirais plutôt.
Dupe de croire que j'étais assez forte pour surmonter cette épreuve.
Dupe de croire que j'étais forte tout simplement.Il fallait se rendre à l'évidence, j'étais faible.
Pourquoi ne pas en finir une bonne fois pour toute? Quelle était l'intérêt pour moi de continuer à dépenser des sommes exorbitantes pour au final un même résultat? La mort.
Je montais dans le premier taxi m'y emmenant. Arrivée, je montais dans son bureau et rentrais.
- Bonjour dit-il accompagné de son éternel sourire.
Sourire? Je ne savais plus ce que c'était.
- Bonjour...
- Vous n'avez pas l'air d'aller bien dit-il en se rapprochant de moi.
- Hum... dis-je en ayant aucune envie de lui répondre.
Je ne savais pas pourquoi on m'avait collée un docteur aussi idiot. Plus les jours passaient, plus je devenais désagréable avec tous ceux qui tentaient de m'adresser la parole.
- Vous savez... parler pourrait vous aider dit-il en me regardant.
- Je n'en ai pas envie, cela ne regarde que moi. Ce n'est pas comme si j'étais au bord du gouffre non plus dis-je en soupirant.
Parfois se mentir à soi même était un avantage. Fuir la réalité sans jamais s'y confronter.
- Vous en êtes sûr?
- Et comment selon vous pourrai-je me sentir bien?
Je me levais en tanguant un peu et le regardais.
- Comment?
J'étais comme dans un état second. La rage, la haine, tout ce qu'il y avait d'encore plus néfaste pour moi, s'emparait de moi. J'étais comme hors de contrôle.
- Vous n'avez aucune idée de ce que je vis, vous n'êtes pas à ma place.
Il était temps...
- Je devrais me sentir bien alors que ça fait bientôt un an que je me bats sans jamais voir aucun résultat.
D'exploser...
- VOUS N'AVEZ AUCUNE IDÉE. JE SOUFFRE D'ACCORD... JE SOUFFRE. J'AI JUSTE BESOIN QU'ON M'AIDE, QU'ON ME SAUVE ENFIN. J'EN AI MARRE. UN AN QUE TOUT CECI DURE. POURQUOI PAS MOURIR UNE BONNE FOIS? QUEL ÉTAIT L'INTÉRÊT DE RESTER SI CELA N'ABOUTISSAIT À RIEN? VOUS LE SAVIEZ N'EST CE PAS? VOUS LE SAVIEZ QUE JE NE GUERIRAIS PAS. QUE DES MENSONGES...
Comme un réflexe, je balançais tout ce qui était à porter demain parterre. J'avais comme besoin d'exploser, de tout casser, pour exprimer ma colère. J'avais l'impression que j'étais seule au monde, que personne ne semblait me comprendre, que personne ne voyait que je n'en pouvais plus, que personne ne se souciait de moi.
J'étais à bout de force....
Les larmes dévalaient mes joues pendant ce temps.
J'étais tellement fatiguée...
Les larmes me brouillaient la vue. J'étais prise de spasmes, j'avais du mal à me calmer.
Je n'avais besoin que d'une délivrance.
Il était temps...Quelques minutes plus tard
Je sentais des bras m'entourer. Je ne me souciais à cet instant de qui cela pouvait être même si je savais au plus profond de moi que c'était mon médecin traitant. C'était apaisant, presque rassurant. Je ne me rendais compte à cet instant de ce qui se passais.
Tout ce que je savais c'est que je m'y sentais bien pour le moment.
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Quand il n'y a plus d'espoir
Moi je ne cesse de croire
Que ce sera meilleur(Ma meilleure, La fouine&Zaho)
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Djamilatou: Blessure sucrée
Random"J'avais la vive impression de vivre au ralenti. De ne plus être maître de moi même. Comme si mon esprit ne répondait plus. J'étais comme déconnectée de ce monde. Je subissais une routine. J'errais sur terre sans grande conviction. Je...