55. Conseil royal. (2ème partie)

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Le soir venu. Nous venons de terminer de souper.

Moi et ma famille sommes tous réunis dans la salle de réunion qui se trouve dans les appartements de mon père afin de faire une rétrospective de ce qui se passe au sein du conseil royal.

L'ambiance est quelque peu tendue , surtout du côté d'Elizabeth qui peine à contenir sa rage en vue des récents événements.

- Peut-on m'expliquer pourquoi le roi tient à massacrer d'innocents citoyens ? Demande Charlotte sur un ton offensé
- Il veut pouvoir obtenir les faveurs du parti dévot et gagner les bonnes grâces de la papauté. Et pour ce faire , il doit revendiquer le catholicisme comme seule et unique religion praticable en France. Explique mon père

Élizabeth tourne son regard vers lui.

- Qu'en est-il du conseil d'État ? Lui demande t-elle
- Leurs avis sont tous mitigés. Certains sont partisans de cette idée , tandis que d'autres s'y opposent fermement. Les principaux concernés sont Louvois et Colbert dont les avis s'opposent. Louvois voue une haine injustifiée pour les protestants , tandis que Colbert leur porte une certaine compassion et prend leur parti.

- La compassion de Colbert n'est pas suffisante. Il nous faut trouver des arguments fiables pour faire valoir notre opposition. Fis-je sérieusement
- Colbert maintient que les finances de l'état sont insuffisantes pour mettre à bien ce projet. Il faut énormément d'argent pour rémunérer les soldats qui se chargeront des opérations militaires. Mais Louvois affirme qu'augmenter les taxes et les impôts suffira pour financer ces opérations qu'il souhaite superviser. Explique mon père

Je soupire.

- Quel est le but d'augmenter les taxes des petites gens afin de payer des soldats pour qu'ils massacrent ces mêmes gens ? La cavalerie n'est pas sotte au point d'accepter de suivre bêtement les instructions. Sans compter que certains d'entre eux sont probablement secrètement protestants , ils ne vont pas s'en prendre aux leurs. Dit Charlotte dans l'incompréhension
- Ton oncle n'a jamais eu le sens de la logique. Soupire père
- Expliquez bien à sa majesté qu'il se devra se passer votre soutien pour l'aider à financer ces actes de barbarie. Lui dit fermement Élizabeth
- Il ne sera pas chose aisée de lui faire changer d'avis. Il est complètement sous l'emprise de la Maintenon et l'écoute aveuglement comme s'il n'était plus pourvu de libre arbitre.
- Au nom de quoi se permet-elle d'ordonner un massacre envers des innocents qui ne lui ont rien fait ?! Sa soi-disant foi n'est qu'une excuse pour justifier son intolérance ! M'exclamai-je offusquée
- Elle souhaite prendre la place de la reine qui est affligée par la souffrance. J'irai demain à la première heure toucher deux mots à cette morue concernant mon opinion à son sujet. Rétorque Élizabeth
- J'irai avec vous. Dis-je à Élizabeth

- D'accord. Mais ne vous emportez pas , exprimez vous avec diplomatie pour lui prouver que la violence n'amène que le chaos et aucunement la paix illusoire qu'elle croit pouvoir atteindre. Madame de Maintenon est plus intelligente qu'elle n'en a l'air , méfiez vous d'elle , elle pourrait s'avérer être très dangereuse et les représailles qui suivront sont loin d'être plaisantes. Nous prévient père sur un ton sérieux
- J'aurais pour ma part du mal à me contenir et à mâcher mes mots. De quel droit cette mégère aigrie se permet-elle d'imposer ses idées ignobles au roi ? Nous savons tous à quel interversion cela va mener. Pourquoi veut-elle appliquer une suprématie des catholiques sur les protestants ? Nous sommes tous égaux et il ne devrait pas y avoir de hiérarchie par rapport à la religion ! S'exclame Élizabeth
- Du calme. Lui dit mon père
- Élizabeth a raison. Nous avons déjà connu nombres de conflits dus à la ségrégation religieuse. Le massacre de la Saint-Barthélemy en est un bon exemple. Répliquai-je
- Vous savez bien qu'une permutation avec madame de Maintenon risque d'envenimer la situation déjà plus que délicate. Il nous sera désavantageux de nous en faire une ennemie. Nous dit père
- Cette pauvresse sans-le-sou n'est en aucun cas en mesure de se mesurer à nous. N'en déplaise au roi si j'use de ma préséance pour lui faire affront. Rétorque Élizabeth
- Je sais assez bien que Louvois de par son caractère belliqueux , prendra part pour la Maintenon.
- Que vaut la parole d'un ministre sanguinaire contre celle d'un prince du sang et de la moitié des membres du conseil ? Demande Charlotte
- Nous devons également parler à Bontemps pour le convaincre de se mettre de notre côté. Dis-je
- Bontemps semble assez elliptique face à la situation. Il a une opinion assez partagée et ne semble pas vouloir s'exprimer avec transparence face à cela. Répond père
- Sa probité ne risque pas de lui faire faux bon. Commente Élizabeth
- Cette situation s'avère être des plus problématiques. Soupirai-je
- Reste à savoir qu'en pensent les nobles... Siffle Charlotte
- Pour l'instant , la nouvelle est encore secrète et seuls les membres du conseil ont été mis sous la confidence. Répond père

♚⚛ Le destin d'une Princesse.✴♔   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant