Mon fils ma bataille

Chapitre 2

Le sol, dur et froid, avait engourdi sa joue. Elle sentait le carrelage glacé sous sa main qu'elle ne parvenait pas à bouger. Elle resta longtemps ainsi, immobile, tentant de remuer chaque parcelle de son corps que les courbatures rendaient indéplaçables. Sa nuque la lançait, c'était comme si quelqu'un lui avait planté des dizaines d'aiguilles tout le long de la colonne vertébrale. Lorsqu'elle ouvrit les yeux elle ne distingua rien : c'était le noir absolu, les ténèbres. Elle attendit que sa vue se soit accoutumée à l'obscurité avant de bouger. Elle ramena ses bras contre elle et posa ses mains sur le carrelage pour l'aider à se relever. Elle n'était qu'à quelques centimètres du sol lorsqu'une violente douleur lui déchira le flanc, lui arrachant un gémissement plaintif. Elle respira un grand coup et dans un ultime effort, elle se redressa complètement et s'adossa contre le mur, le souffle court. Au bout d'un instant, elle distingua une silhouette à quelques mètres d'elle.

_ Qui êtes-vous ? s'écria Hermione apeurée. Montrez-vous !

Elle entendit des mouvements, le bruissement de vêtements qui ondulent sur le sol, puis une vive lumière éclaira la pièce. Elle détourna les yeux, éblouie, et dans le halo de la baguette, elle distingua des cheveux blonds presque blancs et une paire d'yeux bleus gris.

_ Malefoy ? s'étonna Hermione.

_ Bonjour, miss Granger.

Devant elle se tenait Lucius Malefoy, un Mangemort, le père de son pire ennemi. La jeune fille devait probablement se trouver dans le manoir familial. Elle était bouche bée et elle se contenta de fixer le Mangemort qui lui lançait un sourire ironique rempli de malveillance.

Au même instant, la porte de la pièce dans laquelle elle se trouvait s'ouvrit pour laisser apparaître Malefoy junior.

_ Il ne devrait plus tarder, père, dit-il de sa voix traînante.

Hermione le regarda sans comprendre, encore horrifiée à l'idée de se trouver au milieu d'une meute de Mangemorts. Drago tourna la tête vers elle et elle croisa son regard bleu acier, vide et indéchiffrable.

_ Surveille la à ma place jusqu'à l'arrivée du maître, ordonna Mr Malefoy.

Drago Malefoy entra complètement dans la pièce et s'assit à une bonne distance d'Hermione, sa baguette dans sa main, tandis que son père sortait en verrouillant la porte derrière lui. Ils restèrent là à se dévisager jusqu'à ce qu'Hermione rompe le silence.

_ Pourquoi je suis ici ? demanda-t-elle.

_ Tu n'as pas une idée ? ironisa le jeune homme en lui jetant un regard froid.

Hermione secoua négativement la tête. Au début elle avait pensé que c'était à cause de son sang mais s'ils avaient voulu la tuer, ils l'auraient fait chez les Weasley.

_ Le Seigneur des Ténèbres te le dira lui-même, lâcha-t-il d'un ton sec, mettant un terme à leur discussion.

Hermione l'observa sans savoir que dire. C'était la première fois qu'elle se retrouvait seule à seul avec son pire ennemi et elle ne savait absolument pas comment se comporter vis-à-vis de lui. Etrangement, il ne lui faisait pas peur. Il semblait totalement passif et la jeune fille ne parvenait pas à déchiffrer ses pensées. Ils continuèrent à se dévisager jusqu'à ce qu'elle détourne les yeux, gênée par le regard fixe du jeune homme posé sur elle. Drago, lui, l'observait toujours. Il regardait ses cheveux emmêlés durant la bataille, ses yeux vifs et dorés qui semblaient chercher un moyen de s'échapper. De l'extérieur elle semblait normale, il aurait pu penser qu'elle était une sang-pur s'il n'avait pas vu ses parents dans la librairie Fleury et Bott avant leur seconde année. Il aurait pu croire qu'elle était comme lui...

Drago savait ce qui allait se passer, il savait comment ça se terminerait. Et pour la première fois depuis qu'il la connaissait, il éprouva de la compassion pour elle. Mais il n'eut pas le temps d'y penser plus longtemps ; la porte s'ouvrit, laissant apparaître une grande femme blonde qui devait avoir une quarantaine d'années.

_ Descends, Drago, dit-elle d'une voix incroyablement douce, il est là.

_ Debout, Granger, ordonna Malefoy en se levant, sa baguette pointée vers elle.