Chapitre 7

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_ Ca te dit de faire une partie ?

Hermione venait de poser un jeu d'échec moldu sur la table basse du salon. La jeune fille était fermement décidée à se sortir de ce pétrin ; il était hors de question que Voldemort puisse disposer d'elle pour faire pression sur ses amis en attendant de leur porter le coup fatal. Car elle était certaine que c'était là le vrai but qu'il tentait d'atteindre. Sa capture n'était qu'un moyen de gagner du temps avant de pouvoir éliminer les membres de l'Ordre jusqu'au dernier. Si elle ne s'échappait pas, c'étaient les vies de ses amis qu'elle mettait en danger. Elle devait se rapprocher de Malefoy pour avoir une chance de s'enfuir. Tous les moyens seraient bons pour ça.
Hermione s'assit en tailleur en face du jeune homme. Elle vida la boîte qui contenait les pions sur la table et commença à les disposer sur l'échiquier. Le jeune homme fit de même et la partie put commencer. Hermione saisit l'un de ses pions et l'avança vers le camp adverse.

_ Qu'est-ce que tu fais !? demanda Drago scandalisé.

_ Je joue, répondit-elle comme si c'était une évidence. Vas-y c'est à toi.

_ Mais pourquoi tu touches les pions ?

_ Pour les faire avancer, voyons !

Le jeune homme secoua la tête comme si elle venait de dire une absurdité avant de donner une combinaison à l'échiquier.

_ Mais il est cassé ton jeu, dit-il en voyant que rien ne se passait.

Hermione éclata de rire ; elle venait de comprendre ce qui étonnait tant le jeune homme.

_ C'est un jeu moldu, Malefoy, il ne bouge pas tout seul, il faut déplacer les pions soi-même.

_ Ce sont vraiment des crétins, ces moldus, cracha-t-il énervé. Incapables d'inventer le moindre objet constructif !

Hermione reçut la remarque comme une décharge électrique.

_ Très bien, dit-elle en commençant à remettre les pièces dans la boîte, oublions ça alors. On n'a qu'à continuer à fixer le mur comme deux crétins, c'est vrai que c'est tellement plus constructif.

_ Non, c'est bon, remets les pièces, s'écria-t-il précipitamment.

La vérité c'était qu'il s'ennuyait tellement qu'il aurait joué à n'importe quel jeu moldu du moment que ça l'occupait un peu. Hermione se rassit en tentant de dissimuler le sourire qui naissait sur ses lèvres et la partie commença.

Les heures défilaient et les deux adolescents enchaînaient partie sur partie. Ils étaient à égalité et la pression était à son paroxysme. Soudain, un sourire apparut sur les lèvres de Drago.

_ Echec et mat ! s'exclama-t-il avec un sourire triomphant.

Hermione, bonne perdante, s'affala dans le canapé en souriant.

_ J'ai la migraine, lâcha-t-elle simplement.

_ C'est de réfléchir qui te met dans cet état ? plaisanta le jeune homme.

_ Tu devrais essayer de temps en temps, Malefoy. C'est fatigant mais extrêmement satisfaisant.

Sur ces mots, elle se leva et se dirigea vers la cuisine, le laissant seul avec ses pensées. l devait avouer qu'il venait de passer un moment... supportable en sa compagnie et ça n'avait pas été déplaisant.


Hermione était étendue dans la chaise longue de l'autre côté de la baie vitrée. Une table et des chaises étaient disposées à côté des chaises longues dans le jardin. Elle lézardait tranquillement lorsqu'elle l'entendit arriver. Elle ferma les yeux, elle ne voulait pas lui parler, elle voulait qu'il la laisse en paix. Drago s'arrêta à quelques centimètres de la chaise longue. Croyant la jeune fille endormie, il fit volte-face et retourna à l'intérieur. La jeune fille se détendit et laissa échapper un soupir de soulagement. Alors qu'elle commençait à somnoler, elle entendit un bruit régulier à quelques mètres d'elle : celui de l'eau qui tombe sur le sol. Elle se leva et entra dans la maison pour savoir d'où cela venait. Elle avançait lentement dans la maison et au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de sa chambre, le bruit s'intensifiait. Elle venait de comprendre ! Le son qu'elle entendait n'était nul autre que celui de la douche ; Malefoy devait être en train de se laver.

Elle n'hésita pas et ouvrit la porte qui se trouvait juste à côté de la salle de bain. Elle se retrouva dans une chambre semblable à la sienne : un lit simple se trouvait dans le coin gauche de la pièce et une petite commode en bois brut était accolée au lit. A droite de la fenêtre qui lui faisait face, Hermione aperçut un bureau avec quelques livres de contes et autres histoire merveilleuses posés dessus. Elle en conclut que cette chambre avait sûrement été celle d'un enfant. Elle laissa échapper une exclamation de surprise et resta ébahie devant le spectacle qui s'offrait à elle. Tout le mur droit était un immense tableau sur lequel était représenté trois visages doux et souriants. Il y avait celui d'une femme blonde aux yeux bleus, d'un homme au front dégarni et aux cheveux bruns qui semblait fixer Hermione de ses yeux verts, et enfin le visage d'une petite fille aux cheveux noirs comme l'ébène et aux yeux d'un bleu très clair.

Au bout de quelques secondes, Hermione reprit ses esprits et commença à chercher la baguette de Drago en priant pour qu'il l'ait cachée là. Elle souleva l'oreiller, regarda en dessous du lit et commença à fouiller dans l'armoire.

_ Je peux savoir ce que tu cherches, Granger ?

Hermione sursauta et laissa échapper un cri de surprise.

_ Je... heu... je...

Mais elle ne trouvait rien à dire. Ses yeux bleu-acier la transperçaient de toute part la faisant rougir jusqu'à la pointe des cheveux. Elle détourna les yeux et resta immobile comme une enfant prise en faute.

_ Sors d'ici ! ordonna-t-il d'une voix calme.

Hermione s'exécuta et se glissa entre la porte et le corps luisant du jeune homme qui n'avait qu'une simple serviette entourée autour de la taille. Il referma la porte derrière elle tandis qu'elle s'éloignait à grands pas.

_ Attends ! lança le jeune homme d'une voix forte.

Hermione se stoppa net, prit son courage à deux mains et fit face à son ennemi.

_ Suis-moi.

Il s'engouffra dans la salle de bain et Hermione hésita à le suivre. Elle s'avança alors vers la porte et vit Drago qui l'attendait avec une serviette dans les mains. Il la lui jeta au visage comme pour la punir d'avoir violé son intimité. Hermione ne broncha pas ne voulant pas s'attirer les foudres du jeune homme.

_ Lave-toi, tu empestes !

Il sortit de la pièce en la bousculant légèrement mais elle ne répondit rien. Lorsqu'il claqua la porte, Hermione s'effondra en pleurs. Elle ne savait pas d'où lui venaient ses larmes et ne parvenait pas non plus à les refouler. La peur. Oui c'était la peur. Elle avait ri, elle avait crié, elle avait fait semblant, elle avait tout fait sauf pleurer. Non, elle ne voulait pas que Voldemort se serve d'elle pour faire du mal à Harry, à ses amis et à tous les autres : les moldus et ceux qui seraient trop faibles pour se défendre. Non elle ne voulait pas que ce soit Drago qui la livre à lui car au fond d'elle-même elle espérait qu'il ne soit pas complètement mauvais. Non, elle ne voulait pas être la cause d'une époque plus sombre encore que celle qu'ils vivaient. Mais à cet instant, l'angoisse et la crainte de mourir venaient de la rattraper. Elle avait eu peur pour tous les autres avant d'avoir eu peur pour elle mais elle n'arrivait plus à rester forte. Elle maudissait cette guerre, elle maudissait Voldemort, elle maudissait le dieu qui laisserait mourir tant d'innocents tués par la main du diable.

Drago, dos à la porte, la tête appuyée contre celle-ci écoutait les sanglots étouffés de la jeune fille qui traversaient le bois. Il était étonné qu'elle ait tenu si longtemps sans craquer. Lorsqu'il restait des heures devant la porte d'Hermione pour la surveiller au manoir, il ne l'avait pas entendue pleurer une seule fois.

Oui, elle était forte mais même le plus fort des hommes a ses faiblesses.

Il fut déstabilisé en réalisant que c'était lui qui serait responsable de sa perte. Certes, il ne la tuerait pas mais en l'empêchant de partir, il la condamnait. Il reprit contenance et tenta de se persuader que chacun avait un destin et que le sien était de permettre au Seigneur des Ténèbres d'accomplir son dessein.

Mon fils ma bataille Où les histoires vivent. Découvrez maintenant