Mon fils ma bataille

Chapitre 20

La porte de la chambre d'Hermione s'ouvrit, éblouissant légèrement la jeune femme qui était toujours dans la pénombre. Dans l'embrasure de la porte se dessina la silhouette d'une femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Hermione se releva et resta immobile, contemplant l'ombre de Mrs Malefoy.

_ Venez, lui dit-elle d'une voix douce.

La jeune femme ne se le fit pas dire deux fois et emboîta le pas de Narcissa.

_ Où m'emmenez-vous ? questionna-t-elle.

_ Vous n'en avez peut-être pas eu l'impression mais ça fait presque une journée entière que vous êtes dans cette chambre. Je pensais que vous auriez peut-être faim.

En effet, le ventre d'Hermione que l'angoisse avait fait taire criait à présent famine. Elles descendirent les escaliers et débouchèrent sur le hall. Mrs Malefoy tourna à droite et elles débouchèrent dans le salon.
Hermione laissa son regard glisser sur la pièce richement meublée. Elle fut impressionnée par le vaisselier dans lequel on apercevait de magnifiques verres de cristal. Sur la gauche, des canapés sombres et imposants entouraient une immense cheminée aux moulures délicates sculptées à même le marbre. Des tableaux aux couleurs sombres étaient accrochés aux murs et des rideaux de velours noir pendaient aux tringles des fenêtres hautes de plusieurs mètres. La moquette et la tapisserie assombrissaient les lieux, donnant une atmosphère froide et inquiétante ; Hermione en eut la chair de poule. Sur la droite se trouvait un grand bar et il y avait une petite porte dans le fond. Mrs Malefoy s'y engouffra et elles arrivèrent dans une autre pièce tout aussi vaste et pareillement décorée. Une longue table munie d'une douzaine de chaises s'y trouvait. De grands miroirs agrandissaient encore plus la pièce et des chandeliers étaient suspendus au plafond et sur les murs. Les hautes portes fenêtres étaient ouvertes et les rideaux transparents qui contrastaient avec les rideaux de velours noir dansaient au rythme du vent, laissant apparaître de temps à autre le jardin verdoyant et richement fleuri du manoir des Malefoy. A nouveau, Hermione aperçut une porte dans le fond et elles débouchèrent sur la cuisine qui était immense et dans laquelle s'affairaient trois elfes de maison dont Tyra.

_ Bonjour, maîtresse, dirent en cœur les elfes en se prosternant bien bas.

_ Bonjour, répondit-elle à la plus grande surprise d'Hermione. J'aimerais que vous serviez quelque chose à manger à notre invitée.

_ Prisonnière serait plus approprié, je pense.

Mrs Malefoy et Hermione se retournèrent et aperçurent Drago.

_ Et j'ignorais qu'on laissait les prisonniers se promener à leur guise, ajouta-t-il, le regard dur. Qu'est-ce qu'elle fait là ?

_ Même les prisonniers ont le droit de s'alimenter, Drago, répondit-elle.

_ On aurait pu lui apporter à manger dans sa chambre, insista-t-il.

_ Je n'appelle pas ça une chambre Drago ! s'énerva sa mère. Tu l'installeras dans l'aile ouest, j'ai fait préparer une vraie chambre pour cette jeune femme et tu l'y conduiras dès qu'elle se sera restaurée.

Drago, le regard froid, la fixa pendant quelques secondes furieux avant de baisser les yeux.

_ Oui, mère.

Il s'éclipsa avant qu'elle ait pu ajouter quoi que ce soit d'autre, laissant les deux femmes seules. Elles furent interrompues par Tyra qui leur annonça que le repas pour Hermione était prêt. Elles s'installèrent à la table carrée qui se trouvait au centre de la pièce. De grandes chaises comme celles que l'on trouvait dans les bars étaient disposées tout autour. Hermione commença à manger tandis qu'elle observait le décor. La cuisine était couleur jaune-orangé et rappelait la couleur de la terre aride des grandes plaines d'Afrique, du sable fin et de la terre cuite. Les poutres au plafond étaient apparentes et contrastaient avec les couleurs chaudes de la cuisine. Aucun appareil ménager n'apparaissait ; une porte en bois dissimulait un renfoncement qui servait de frigo et deux bacs en émail blancs servaient d'évier. Des placards s'alignaient au dessus et en dessous des plans de travail carrelés qui s'étendaient sur plusieurs mètres. Il y avait une espèce de four à pizza sur la droite qui devait servir à faire pain, quiches, tartes, brioches et autres viennoiseries. Encore à côté se trouvait une espèce de grill en briques rouges qui faisait office de grill. Dans le fond à gauche se trouvait une grande cheminée dans laquelle on apercevait un grand chaudron qui ronflait dans l'antre flamboyante. De vieilles poêles en cuivre étaient suspendues sur la poutre juste au dessus. Des guirlandes de piments séchés, des gousses d'ail et des bouquets d'aromates étaient suspendus aux poutres et courraient sur tout le plafond. Hermione sourit ; elle n'avait jamais vu une cuisine aussi chaleureuse.