Chapitre 8

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Hermione sentait l'eau brûlante ruisseler sur toute la surface de son corps. Elle avait fermé les yeux pour mieux se détendre. Elle ne pleurait plus, elle ne pensait plus, se concentrant seulement sur les gouttes d'eau qui s'écrasaient sur sa peau. Cela lui faisait beaucoup de bien. Pendant quelques instants, elle oublia tout. C'était comme si rien ne s'était passé, comme si la menace qui pesait sur ses frêles épaules n'existait plus. Derrière ses paupières closes, son esprit s'était évadé bien au-delà de cette maison dans laquelle Malefoy la retenait prisonnière. Elle sentait la pluie tomber sur sa tête et glisser le long de son visage calme et détendu. A cet instant elle pria pour que ce bien être qui l'entourait ne cesse jamais, demeurant dans l'oubli pour toujours comme en suspend dans l'éternité du temps.

Au bout de quelques minutes elle porta sa main à son ventre. Du bout des doigts, elle suivit la courbe de sa cicatrice qui était entièrement refermée. Elle ouvrit les yeux et aperçut sa blessure, à peine quelques centimètres, qui se dessinait sur sa peau dorée. A présent elle aussi avait sa marque, pas la même que Harry bien sûr, mais elle était l'œuvre d'un des disciples du monstre qui avait marqué pour toujours son meilleur ami.

Elle ferma le robinet et resta immobile pour sentir les dernières gouttes d'eau danser le long de son dos. Elle se sécha rapidement et s'habilla avant de sortir de la pièce pour regagner sa chambre en silence. Une fois qu'elle eut refermé la porte elle s'approcha doucement de son lit et laissa sa main se promener sur la couverture douce et soyeuse. Elle s'assit et attrapa un coussin qu'elle serra dans ses bras comme pour se rassurer. Là, emmurée dans son silence, de nouvelles larmes vinrent remplir ses yeux noisettes avant de l'entraîner sans qu'elle puisse lutter pour le pays des rêves.



Drago, affalé dans le canapé, une revue moldue entre les mains avait entendu la jeune fille sortir de la salle de bain pour aller se réfugier dans sa chambre. Il ne prit même pas la peine de se lever pour aller lui parler. Que lui aurait-il dit de toute façon ? Et puis il n'avait rien à se reprocher lui, après tout c'était elle qui avait fait intrusion dans sa chambre ! Il se replongea donc dans la lecture de son magazine qu'il trouvait totalement inintéressant mais faute de mieux, il n'avait rien trouvé d'autre pour faire passer le temps. Au bout d'un moment, il jeta le magazine sur la table avec un air blasé puis il jeta un coup d'œil à l'horloge qui indiquait bientôt neuf heures du soir. La journée avait été longue et riche en émotions mais à présent le ventre du jeune homme criait famine. Il se leva et se dirigea sans bruit vers la chambre d'Hermione. Il ouvrit doucement la porte et aperçut la jeune fille endormie qui serrait toujours son coussin contre son cœur. Elle n'avait pas pris la peine de s'enrouler dans une couverture et elle semblait grelotter mais Drago préféra ne rien faire et il referma la porte. Il laissa échapper un long soupir avant de prendre la direction de la cuisine pour rassasier son ventre vide. Il se servit un verre de jus de citrouille, attrapa un paquet de gâteaux qu'il cala sous son bras et saisit une pêche de sa main libre avant de sortir prendre l'air dans le jardin. Il posa son verre et les biscuits sur la table avant de mordre avec gourmandise dans son fruit juteux et sucré. Tout en mangeant, il contemplait le soleil qui se couchait de l'autre côté des collines. Un dernier rayon de soleil vint caresser son visage avant de mourir à l'horizon dans les dernières notes de musiques fredonnées par les oiseaux qui regagnaient leur nid. Il se rapprocha un peu plus de la rivière qui chantait gaiement au pied du pommier et contempla sa surface frémissante et limpide. Il engloutit la dernière bouchée de sa pêche et jeta le noyau au loin dans l'herbe. Il resta immobile un bref moment avant d'ôter son t-shirt puis son pantalon. Il fit un pas en avant et sa peau entra en contact avec l'eau. Elle n'était ni chaude, ni froide mais vivifiante et très agréable. Il continua à avancer, ses mouvements ralentis provoquant de grandes éclaboussures qui venaient lécher son torse blanc et dénudé.

Hermione, debout derrière la fenêtre, à moitié dissimulée derrière le rideau observait le jeune homme qui barbotait dans l'eau claire de la rivière. Elle était assez large et profonde à certains endroits pour permettre au jeune homme d'être immergé jusqu'au cou. Son regard surpris ne le quittait pas des yeux ; pensant que la rivière se trouvait hors du bouclier, elle n'avait pas pensé une seule seconde qu'il était possible d'aller s'y baigner. Au bout d'un instant, elle détourna les yeux de son ennemi pour retourner s'étendre sur le lit, ignorant la faim qui lui tordait l'estomac.

Lorsque Drago sortit enfin de l'eau, la nuit était tombée. Elle avait recouvert le monde de son manteau d'étoiles et la lune, éternel sourire suspendu à l'encre des ténèbres, éclairait le monde pour les derniers enfants qu'elle n'avait pas réussi à endormir. Le vent de ce début de mois d'Août était encore chaud et, peu à peu, les perles transparentes restées accrochées au corps du jeune homme commencèrent à disparaître, emportées par la brise. Il retourna vers la table et commença à vider le paquet de gâteau confortablement installé dans sa chaise longue.

Sans se soucier des minutes qui s'enfuyaient sur les aiguilles du temps, Drago resta là à contempler le ciel. Et tandis qu'il chutait inexorablement dans ce tourbillon d'étoiles, ses pensées s'envolèrent encore une fois vers la jeune fille. Il l'imaginait lovée dans son lit, recroquevillée sur elle-même avec des larmes inondant son visage. Il l'imaginait sanglotante dans la semi obscurité telle une enfant laissée dans le noir et qui redoute de voir quelque créature sournoise et maléfique sortir de sa penderie pour venir la dévorer durant son sommeil. Oui, c'était ça, Hermione était la petite fille et la créature n'était autre que Voldemort, l'ombre de la mort qui vagabondait sur les chemins de la vie. Puis il se souvint à qui il était en train de penser et tout bascula. Non, elle était Hermione Granger, une battante. Il l'imagina alors différemment : assise dans un coin de sa chambre, le menton posé sur les genoux, le regard dur et les poings serrés à s'en briser les phalanges. Il l'imaginait silencieuse et froide tandis que son cerveau s'enflammait à la recherche d'une issue, un plan pour pouvoir s'enfuir.

C'est donc avec le visage de la jeune fille devant les yeux qu'il sombra dans un profond sommeil sans rêve.

Mon fils ma bataille Où les histoires vivent. Découvrez maintenant