Mon fils ma bataille

Chapitre 21

_ Qu'est-ce qui te préoccupe à ce point, mon fils ?

Drago et sa mère se trouvaient tous les deux dans le salon tandis qu'Hermione était dans la chambre avec Ewan. Cela faisait presque une heure que le jeune homme était assis dans son fauteuil, le coude posé sur l'accoudoir et la tête appuyée contre son poing, muet comme une tombe.

_C'est sa présence qui te trouble ?

_ Non, murmura-t-il sans bouger.

_ Parle-moi s'il-te-plaît, Drago.

Le jeune homme resta silencieux pendant quelques secondes avant de se décider à ouvrir la bouche.

_ Tout à l'heure... quand nous étions là-haut... elle a prit Ewan dans ses bras et l'a embrassé... Elle le serrait fort dans ses bras...

Une lueur de tristesse traversa les yeux de Narcissa.

_ C'est cette vision qui t'a troublé ? demanda-t-elle doucement. Le témoignage d'affection et de tendresse d'une mère à son fils ? Un amour et une affinité que je n'ai su te donner ?

Le jeune homme leva les yeux vers sa mère et il aperçut des larmes dans ses yeux.

_ Je sais que je ne t'ai pas donné toutes les démonstrations d'amour qu'un enfant est censé recevoir, Drago. Les câlins, les baisers, les encouragements, j'imagine aisément combien cela a dû te manquer. Mais il nous était impossible de nous livrer librement à ce genre d'effusions, ton père ne l'aurait jamais permis. Avec le recul, je me dis que j'aurais dû trouver un moyen de t'apporter tout cet amour, toute cette attention et cette tendresse que tu aurais dû recevoir. J'ai conscience de ne pas avoir été la mère que tu aurais mérité d'avoir mais je t'ai aimé de tout mon coeur.

_ Ne dites pas ça mère, implora-t-il en venant s'agenouiller près de son fauteuil. Vous m'avez sauvé si souvent de sa colère, vous avez si souvent pris les coups à ma place. Je suis un ingrat, pardonnez-moi.

_ Comment reprocher à un enfant d'envier l'amour que d'autres ont pu recevoir ? souffla-t-elle en lui caressant le visage. J'aurai du être plus forte Drago, m'opposer à lui et te prendre dans mes bras à chaque moment où je l'ai désiré. Mais j'avais peur, peur qu'il nous voit, peur que tu me rejettes. J'ai souvent fermé les yeux mais je n'ai jamais cessé d'écouter, mon fils. Et j'ai entendu ce qu'il te disait, je l'ai entendu t'apprendre à haïr et à rejeter affection et douceur. Mais il avait tort, Drago, murmura-t-elle en pleurant, on n'est pas faible parce qu'on aime, on est faible parce qu'on n'a pas le courage d'avoir le cœur brisé. Ton père avait peur de ce sentiment car c'était la seule chose qu'il ne pouvait contrôler, la seule chose qui l'effrayait réellement et contre laquelle il ne pouvait rien. Ne fais pas les mêmes erreurs que lui, chéri, et pardonne-moi les miennes.

Drago resta sans voix, les yeux embués et le cœur battant à tout rompre. Elle venait de lui faire sa plus belle déclaration d'amour et d'affection. Sans réfléchir, il la prit dans ses bras et dans un murmure presque inaudible, il dit :

_ Je t'aime, maman.

Quelques heures plus tard, Drago prit le chemin de l'aile Ouest et il s'arrêta devant la chambre de la jeune femme. Par la fente de la porte entrouverte, il aperçut Hermione allongée sur son lit, son fils recroquevillé dans ses bras. Elle regardait son petit ange dormir paisiblement, un sourire dessiné sur les lèvres. Encore une fois, le jeune homme tiqua devant ce tableau idyllique rempli d'amour et de tendresse. Mi-ému mi-jaloux, il poussa la porte et pénétra dans la pièce.

_ C'est l'heure de dîner, lâcha-t-il d'un ton sec.

Hermione leva les yeux et aperçut la silhouette mince et élancée de Drago dans l'embrasure de la porte. Lorsqu'elle le vit, les traits de son visage se durcirent et elle lui jeta un regard méprisant.