Chapitre 18

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Le docteur vient de m’annoncer que j’ai perdu ma grossesse. Une grossesse que j’ai portée que deux petits mois. Quatre années de patience et de larmes, pourquoi Dieu n'a t-il pas intervenu ? Pourquoi n'a t-il pas déployé ses anges sur mon ventre et sauver  mon bébé ?

Vivre et pour quelle raison ? Mon monde s’est arrêté, ce que je vis est injuste, je ne méritais pas ça. Alors pourquoi ? Pourquoi le sort s'acharne t-il sur moi ? J’ai perdu ma grossesse de la pire manière qui soit. Pourquoi ? Pourquoi ?

Je ne sais pas l’heure qu’il fait, je suis assise sur le lit d’hôpital, le visage sec. Aucune larme ne coule sur mes joues, j’ai le regard vide, mon regard est tellement vide. Beya me parle sans cesse mais je n’ai plus aucune force pour séparer mes lèvres collées.

Ma coépouse n’a plus bougé depuis que la mauvaise nouvelle est tombée. C’est notre mari qui est sorti de la chambre et revenir quelque minutes plus tard avec des habits qu’il dépose sur le lit. Je vais sortir de l’hôpital, il faut que je me change.

Me changer, que ça va changer quoi? Ça va faire revenir mon bébé ? Je crois même que Dieu n’y est pour rien. Il m’avait fait grâce, si je n’ai pas su la garder, suis-je encore une femme ? Non désolée, je ne suis pas une.

Depuis l’hôpital jusqu’à la maison, je n’ai pas pu ouvrir la bouche. C’est dans la cour que je suis descendue de la voiture, accompagnée par ma coépouse, j’ai rejoint l’intérieur et ma chambre dans le silence.

Revenir dans ma chambre, dès que mon regard s’est posé sur le lit et sur le sol, mon corps est parcouru de frisson. Il a tout relâché, je me suis sentie libérée. Je tombe sur le lit et éclate en sanglot.

Sachant qu’elle ne puisse rien faire pour que j’arrête de pleurer, Beya me garde dans ses bras et me laisse verser des larmes sur elle. Chaque fois que je me calme, si les pensées me reviennent, je me remets à pleurer.

J’ai pleuré au point que je n’attendais plus ma propre voix, je n’avais plus aucune goute de larmes dans mon corps. Couchée sur les cuisses de ma coépouse, elle ne bouge pas, elle m’a enfin demandé si j’ai besoin de quelque chose.

Oui bien entendu que j’ai besoin de quelque chose, je veux mourir. Je veux que Dieu me rappelle à lui comme il ait fait avec mon bébé innocent qu’il m’a arraché du ventre et qui n’a rien fait à personne. C’est tout ce dont j’ai besoin.

Notre mari est rentré me trouver dans les bras de Beya. Qu’est-ce qu’on va se dire ? Comment vais-je pouvoir lui regarder dans les yeux et lui dire que je n’ai pas pu garder son enfant ? Imaginez ma douleur.

Quatre jours que je ne sors pas de ma chambre, je vis dans la dépression totale. Je ne peux rien mettre dans le ventre, je vis sur ma scène de crime. Je ne sais pas combien de fois mon mari et ma coépouse sont rentrés me trouver toute nue. Je ne veux voir ni parler à personne, je veux faire le deuil de ma grossesse toute seule.

La folie a pris le dessus, il m’arrive de parler à mon ventre comme si mon bébé y était toujours. Il a fallu que mon mari et ma coépouse me traine de force à l’hôpital et me mettre sous surveillance.

Trois jours que je suis internée, c’est le quatrième jour que j’ai été surprise de voir Betty. Mais qui a appelé celle-là ici ? C’est sûrement Beya, je crois qu’elle s’inquiète pour moi. Je ne sais plus ce que pleurer veut dire, je divague quand je parle.

Je ne sais même pas de quoi nous avons parlé, et s’était le même cas avec tous ceux qui viennent me rendre visite. La seule personne que je comprends c’est Beya et ça c’est parce que je suis habitué à elle.

RIVALITE ENTRE COEPOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant