Chapitre 22

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Si on m’avait dit qu’un jour que je retrouverai Beya dressée devant moi, je dirais à la personne d’aller s’occuper de ses oignons. Mon mari, la seule personne à qui j’ai toujours été soumise, je n’ajoute et n’enlève rien à ce qu’il me dit, c’est lui qui ne me reconnait plus aujourd’hui.

Il me traite de sorcière et par-dessus tout, je suis une folle dont ma place est dans un asile. Mon enfant a été tué bien avant qu’il ne vienne dans ce monde, il a suffi que j’ouvre la bouche et tout se retourne contre moi. La vie est injuste et je ne vous fais pas dire.

Comment surmonter ? Comment supporter et aller de l’avant ? Comment faire pour vivre dans la même maison avec une personne qui n’a pas hésité un seul instant de te faire du mal et t’enlever tout envie de vivre ?

Comment retrouver la force et se confier encore à son mari qui ne croit pas un seul instant à ce que tu lui racontes ? Qu’est-ce que empêche Djadjé de m’écouter et de faire sa propre analyse de la situation ?   

Pour lui, je suis une folle, il m’a laissé là en larmes, couchée face contre terre sur le point de m’évanouir. Il est sorti accompagnée de sa femme, je ne sais plus combien de fois j’ai pleuré dans cette maison et combien de fois me reste encore à pleurer.

Sans plus la force de vivre, je me relève, c’est en titubant que j’ai quitté la maison et harpant les rues de la ville. Je ne sais pas où je vais, je ne vois presque rien devant moi, j’avance dans le quartier sombre. Les conducteurs d’engins qui croisent mon chemin me cèdent le passage.

Guidée par mon instinct de folle comme c’est ainsi qu’on me qualifie, j’ai traversé tout le quartier et venir me tenir devant une porte. Je ne sais pas où je suis, je ne sais pas qui habite cette maison mais je n’ai pas hésité à frapper.

Aucune réponse, j’ai du mal à me tenir sur mes pieds, je me retourne et m’adosse contre le mur. J’ai juste vu la porte s’ouvre et j’ai toute de suite reconnu Betty. C’est ma copine, même le crâne vide sans cerveau, mes nerfs la reconnaîtront sans problème.

Betty : Ryma ??? Qu’est-ce qui…

Moi : Aide-moi Betty.

Betty : Seigneur.

Je n’en pouvais plus, je me suis laissé aller dans ses bras. Je ne pouvais même plus pleurer, bras autour de son cou, elle m’a amené dans son salon. Elle doit être paniquée, j’entends juste sa voix sans pouvoir déceler un seul mot de ce qu’elle me dit.

La douleur dans ma poitrine, la fatigue dans mes jambes, je ne sais pas si je suis assise ou allongé. Je sentais juste la présence et l’ombre de Betty qui défile devant les yeux. Elle me parle sans cesse, elle me secoue par les épaules comme si je dormais et elle essayait de me réveiller.

Combien de temps suis-je restée déconnecter de la réalité sans vraiment savoir ce qui se passe ? Je n’avais aucune idée jusqu'à ce que je commence à sentir une sorte de fraicheur sur le front. Je cligne rapidement des yeux, je retrouve la raison.

Betty : Parle-moi Ryma, qu’est-ce que tu as ?

Sans toujours pouvoir répondre, je prends sa main que je sers fermement. On se regarde dans les yeux, c’est vraiment la panique dans son regard.

Betty : Il faut que je t’amène voir un docteur.

Elle essaie de se lever, je tiens sa main que je ne relâche pas. Elle insiste, je remue la tête, le fameux « non » a pu franchir mes lèvres. Elle reprend place et toujours perdue.

Betty : Ryma.

Moi : Pas chez le docteur, je veux juste me reposer.

Betty : D’accord, d’accord, pas de soucis. Si tu ne veux pas que je t’amène voir un docteur, repose-toi, on en parlera.

RIVALITE ENTRE COEPOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant