V. Pauline

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R.L.

Rose détacha sa lourde chevelure. Dans les vestiaires, les femmes s'agitaient. On était samedi. Et donc, le lendemain, elles ne travaillaient pas. Toutes discutaient de leur projet de la soirée ou du dimanche, mais elle n'y prêtait pas attention. Elle ne connaissait encore personne à la boutique et surtout, elle n'avait pas l'habitude de sortir, de boire et de fumer comme semblait le faire beaucoup de ses collègues.

La réception où elle avait accompagné son père était l'une des rares fois où elle était sortie. Rose redoutait les lieux où l'alcool coulait à flots, où les mains se baladaient partout et où le sexe ne connaissait aucune limite. Autrefois, il lui avait formellement interdit de sortir sans lui. Elle n'avait donc jamais pris de risque jusqu'à maintenant.

- Rose, c'est ça ?

Elle se retourna. Une femme sans doute de son âge, à la chevelure blonde et aux courbes généreuses, s'était avancée.

- Oui. Et toi, Pauline ?

- En effet. Tu as quelque chose de prévu ?

La française se mordit la lèvre. Une invitation à sortir allait sans doute lui être proposée. Elle redoutait ce qu'allait dire sa collègue suite à sa réponse.

- Heu... non.

Cela eut un effet auquel Rose ne s'attendait pas : un sourire. Pauline lui souriait chaleureusement.

- Parfait ! Viens avec moi, je vais te faire découvrir notre ville !

- Ah oui ? demanda-t-elle hésitante, mais touchée par son initiative.

- Retrouve-moi à l'angle de Baker Street à neuf heures !

Puis elle la laissa plantée là, tiraillée par d'innombrables questions. Où comptait-elle l'emmener ? Avec qui ? Comment fallait-il qu'elle s'habillât ? Qu'elle se coiffât ? Elle était désormais dans de beaux draps !

Soupirant longuement, Rose rassembla ses affaires et quitta le magasin. Il lui fallait trouver une solution pour la soirée, et vite. Pauline ne lui avait pas laissé le choix.

T.S.

Dans le petit salon qui leur était réservé, ils parlaient gaiement et fêtaient surtout le dernier partenariat que leur meneur à tous avaient réussi à conclure. Leurs visages étaient tous rouges et luisants, sauf le sien. Thomas n'était pas ivre, comme à chaque fois, d'ailleurs. Il connaissait ses limites et il se devait de se maîtriser. S'il arrivait la moindre petite chose, la moindre, il devait être en capacité de réagir. Il ne pouvait pas compter sur les autres, il devait avant tout compter sur lui-même. Sur lui seul.

- Félicitations ! beugla Arthur, les yeux larmoyants, submergé par l'alcool et la cocaïne qu'il venait d'inspirer.

Thomas lui adressa un regard sévère. Il ne voulait pas de débordement ce soir-là et par l'œillade qu'il lui avait lancée, il vit que son frère avait saisi le message. Il observa ses petits protégés avec satisfaction et un peu d'affection, puis se leva pour aller prendre l'air.

La fraîcheur de la nuit le gifla en plein visage et il était content de ne pas avoir laissé son manteau à l'intérieur. Des badauds, sous l'emprise de la boisson, et quelques chiens errants traînaient dans les rues, en quête d'un peu d'espoir. Il les regarda passer, une cigarette au coin des lèvres. Il l'alluma, en prit quelques bouffées lorsque son attention fut attirée par un bruit. Des talons de femme claquant sur le pavé de la rue particulièrement animée. Cela l'étonna, en vérité, car à cette heure-là, rares étaient les femmes qui venaient par ici, à part les prostituées que ses hommes amenaient par petits groupes sans aucun problème.

Ashes | PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant