XXIX. Le Quatre

2K 131 67
                                    

T. S.

L'orage était passé, en cette fin d'après-midi. Même si le soleil n'était pas revenu, la température était suffisamment clémente pour qu'il eût envie de prendre l'air. Une sortie à cheval lui parut toute appropriée.

Une fois sa monture sellée, Thomas grimpa sur son dos et entama une promenade paisible. Inutile de galoper. Il avait juste besoin de s'aérer l'esprit. Enfermé dans son bureau, il avait trouvé une solution. Unique. Jane. Toutefois, il n'avait pas réussi à ficeler un stratagème qui tint suffisamment la route. Rester des heures et des heures dans la même pièce ne lui avait pas réussi. Il avait bien trop bu et trop fumé.

L'odeur de l'herbe et de la terre mouillées lui emplit les narines. C'était tellement agréable. Entendre quelques oiseaux au loin, une légère brise à travers les arbres et d'autres bruits dont la Nature recelait à foison.

Il poursuivit son chemin, s'aventurant près des bois qui accueillaient de magnifiques clairières. C'étaient ses terres. Des hectares à perte de vue qu'il pouvait explorer à sa guise, sans jamais être dérangé.

En avançant au pas, Thomas alluma une cigarette. Dès qu'il inspira une bouffée de tabac, il eut la sensation d'être encore plus apaisé. Libre. Loin de ses affaires, loin des gens, loin de tout, il respirait à nouveau. Ici, tout était simple et calme. Là-bas, tout n'était que complexité et angoisse. Il avait besoin d'un peu de répit, même s'il savait que dès qu'il ne travaillait plus pour son entreprise, il devenait fou. Complètement fou. Se confronter à sa propre personne lui faisait réaliser à quel point il n'était pas heureux. Qu'il était seul. Totalement seul.

Son cheval s'arrêta. Un nouveau son vint briser le calme ambiant. Un moteur. Quelqu'un arrivait sur son domaine. Aussitôt, il fit demi-tour et vit alors, au bout du chemin, une ombre s'avancer vers lui.

Une voiture noire.

*

Descendu à bas de son splendide étalon, Thomas attendait. Le véhicule, qui avait interrompu sa balade en forêt, se garait dans la vaste cour au gravier blanc. Il sortit une cigarette, nonchalamment. Au fond de lui, il savait parfaitement qui était dans l'automobile mais il préférait en avoir la confirmation de ses propres yeux.

Le moteur s'arrêta. Puis, la portière s'ouvrit. Une chaussure à talon haut se posa à terre, révélant une longue jambe galbée, recouverte d'un collant scintillant et coloré. C'était une femme, bien sûr. Pulpeuse, élégante et sublime. Jane.

Thomas la salua d'un hochement de tête. Elle lui répondit par un magnifique sourire. Elle semblait avoir oublié leur dernière confrontation.

- Bonjour, Tommy.

Sa voix était suave et séductrice. Jane s'avança vers lui d'une démarche assurée. Chacun de ses pas était un balancement de hanches fuselées, un régal pour les yeux. Il l'observa sans faire le moindre mouvement, à part recracher la fumée de sa cigarette entamée.

- Une nouvelle menace ? lâcha-t-il en la scrutant de ses yeux de glace.

Un deuxième sourire étira sa bouche vermeil. Elle se pencha vers Thomas, lui prit sa cigarette et la porta à ses lèvres avec malice.

- Oh... si tu savais !

Jane lui adressa un clin d'œil et continua de le considérer d'un regard profond. Il ne répliqua pas, méfiant. Nichols était capable de tout. Il était capable du pire. Sans vergogne.

Laissant son cheval à Curly qui passait par là, Thomas fit signe à Jane de le suivre, en direction de la grande entrée de sa demeure. Conquérante, elle le rattrapa et s'accrocha à son bras. Thomas ne se défit pas de son emprise mais, guidé par son instinct, il leva la tête vers les hautes fenêtres du manoir. Un rideau bougea, comme si l'on venait tout juste de le tirer.

Ashes | PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant