XXXVI. Le Saut

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T. S.

Les yeux rivés sur Nichols, Thomas ne bougea pas. Le corps de Jane contre lui, il avait son revolver appuyé sur sa chevelure rousse. Elle ne riait plus. Sa chemise était déchirée et pleine de sang. Elle tremblait de peur.

Face à lui, Nichols tenait Rose. Elle avait le visage éteint, mais ses prunelles brillaient. Elle ne regardait plus que Thomas. Comme s'il était son unique lueur d'espoir.

Au sol, Arthur grogna. Nichols l'avait bien amoché. Quant à Alfie, miraculeusement intact, il pointait son arme sur leur ennemi.

Thomas savait ce qui lui restait à faire. Le moment était venu. Sans quitter cet immonde Nichols de ses prunelles de glace, il s'éclaircit la gorge.

- Arthur, Alfie. Partez.

Un silence suivit sa surprenante déclaration. Même Nichols était ébahi.

- Quoi ? bafouilla Arthur, la bouche pleine de sang.

- Mon vieux, j'ai des putain de soucis d'audition ou quoi ? Hé, Tommy ! Tu deviendrais pas un peu fou ?

Thomas soupira, ignorant leurs questions. Elles lui faisaient perdre du temps. Un temps précieux.

- Partez.

Sa voix n'était plus qu'un grondement. Droit devant lui, Nichols souriait. Même s'il était lui aussi en sang, il affichait un air victorieux. Comme s'il vivait les meilleurs instants de son existence. Comme s'il les avait toujours attendus.

Alfie eut un petit rire. Thomas perdit patience. Solomons le ralentissait, son frère aussi. Ils devaient partir, maintenant. Et les laisser – Rose, Jane, Nichols et lui.

Arthur le fixait de son regard embué. Il tombait des nues. Il n'avait pas amorcé le moindre mouvement, cloué au sol.

Thomas devenait fou. Les secondes lui semblaient des heures. Aucun de ses deux acolytes ne bougeait. Pourtant, Thomas avait été clair. Précis. Arthur et Alfie devaient foutre le camp, et vite. Leurs vies à tous en dépendaient.

Dans un grognement rauque, Arthur se releva enfin en titubant. Il s'avança dangereusement vers Thomas, qui serra les dents.

- Tommy...

La voix de son aîné se perdait dans sa gorge. Thomas ne cilla pas, mais quand Arthur arriva à sa hauteur, il retira son pistolet de la tête de Jane. Et le pointa sur son frère.

Celui-ci s'arrêta, sous le choc. Ses yeux gris sortaient de ses orbites.

- Partez, Arthur.

Tout le monde retint son souffle, une fois de plus. Les évènements prenaient un nouveau tournant. Inattendu.

- Partez. Et restez en vie, murmura le chef des Peaky Blinders.

Arthur comprit alors. Thomas voulait les protéger, leur éviter la mort. C'était son combat contre Nichols. Il ne souhaitait personne en travers de sa route – pas même son frère.

Sans un mot, Arthur rejoignit Alfie, lui fit baisser son arme et le tira dans le couloir. Solomons baragouinait des grossièretés, mais Thomas n'écoutait pas. Il n'avait qu'une chose à l'esprit. En finir avec les Nichols.

Les deux hommes partirent en lui lançant un dernier regard. Plein de reconnaissance, et de regret. Alfie referma la porte derrière lui, calmement.

Thomas laissa échapper un soupir. Son revolver était à nouveau collé à la peau de Jane. Elle ne faisait rien, ne gémissait même pas. Il subissait avec dégoût son corps contre le sien. Il était persuadé qu'elle faisait tout pour être lascive. Pour provoquer Rose. La française ne l'avait toujours pas lâché des yeux. Ils brillaient.

Ashes | PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant