Ashes | PEAKY BLINDERS

XXXXIV. L'Amour

T. S.

À l'aube, il n'y avait pas le moindre bruit dans la grande demeure de Thomas Shelby. Même les domestiques n'étaient pas encore levés. Tout le monde dormait, à cette heure très matinale.

Sauf lui.

Simplement vêtu, Thomas était posté à la fenêtre de sa chambre, immobile. Une cigarette à la main, il regardait au dehors. Ses yeux clairs se perdaient dans la brume qui recouvrait la terre verte et humide de son domaine. Le ciel était gris et lourd de nuages. Pas de soleil en vue.

Il était songeur.

Les problèmes étaient son quotidien. Jamais il n'était en paix, jamais. En plus de ce détestable Mosley qui tentait de le rallier à sa répugnante cause, un autre gang s'en prenait aux Peaky Blinders.

Les Billy Boys.

D'une violence sans pitié, ils les provoquaient sans vergogne et surtout, au moment où Thomas s'y attendait le moins.

Ce calme froid et ce paysage si peu dégagé, lui rappela un horrible drame, qui s'était déroulé là, tout près. Chez lui.

Thomas souffla la fumée qu'il avait aspirée. Soulagement bref en ces temps obscurs. Puis, il laissa le passé refaire surface. Sombre et terrible.

Dans son bureau, il se tient debout. Face à la fenêtre, face au matin. Il observe. Les cieux, des arbres et un champ. Un immense champ. Désert.

Il fait un pas de plus, le nez contre la vitre. Son regard se fige alors, la bouche entrouverte. Il y a quelque chose, dehors.

Une ombre. Un oiseau de mauvais augure.

Sans réfléchir, il ouvre son fameux placard et récupère une mitrailleuse. Puis, il sort de sa maison, l'estomac noué, la respiration saccadée.

Il avance.

Toujours rien à l'horizon. Tout est calme. Beaucoup trop calme. Aucun chant d'oiseau, aucun bruissement de feuilles. Rien. L'effroyable silence. Pesant, glacial. La mort plane au-dessus de lui.

Il avance.

Droit devant lui. Le pas vif, les cheveux dans les yeux. Avec son arme en main.

Sa demeure est derrière lui, à présent. Un pas, un autre puis, encore un autre.

Il avance.

À travers la brume, l'ombre se dessine. Très nette. Une tache d'obscurité qui crève le ciel blanc. Un présage de mort en plein jour.

La peur au ventre et les mains agrippées à son arme, il poursuit son chemin.

Arrivé près du champ, il pousse la barrière. Le métal grince. Il se retrouve dans la boue. Ses chaussures cirées s'enfoncent dans la terre et l'eau.

Il avance.

Enfin, l'ombre se dresse devant lui.

Un épouvantail.

Vêtu de noir et de blanc. Comme lui. Une réplique grossière de Thomas Shelby. Sans vie.

Coincée dans la veste de l'épouvantail, il y a une enveloppe.

Le vent se lève. Ses cheveux lui barrent la vue. La brume se rapproche. Il met son arme sur son épaule. Bandoulière en cuir. La tension monte.

Il attrape l'enveloppe, sur laquelle des lettres sont inscrites à l'encre noire.

« THOMAS SHELBY OBE. »