XV. Les Bois

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R.L.

La forêt était paisible. Par ce bel après-midi ensoleillé, Rose avait proposé à Pauline d'aller se promener loin de la ville. Elle avait fait appel à un chauffeur recommandable qui les avait déposées et les attendait jusqu'à ce qu'elles revinssent de leur balade. Après de longues explications – légèrement faussées – à son père qui s'était beaucoup inquiété, Rose avait eu le besoin pressant de s'éloigner de tout. De profiter du grand air. Loin des fumées d'usine, des pots d'échappement, du bruit, des gens.

Là où elles se trouvaient, rien ne pouvait les importuner. Rien. Se sentant en parfaite confiance, Rose conta à Pauline tout ce qui lui était arrivé. Son amie semblait effrayée par son récit, car il lui faisait peur. La seule fois où elle l'avait rencontré, il s'était tenu devant elles avec une arme à la main.

- Rose, commença Pauline d'un ton assuré, est-ce que tu es en sécurité ?

L'intéressée haussa les épaules. S'il lui avait dit que ses hommes la surveillaient, c'était peut-être vrai. Elle ne craignait plus rien.

- Pourquoi te fait-il suivre ? l'interrogea franchement la vendeuse au visage potelé.

Une fois de plus, la française haussa les épaules avec un soupir.

- Qu'est-ce qu'il te veut, alors ?

- Je n'en sais rien, souffla Rose, rongée par le doute et l'anxiété qui étaient devenus son refrain quotidien.

Alors qu'elles arrivaient dans une splendide clairière, Pauline cueillit une fleur et un brin d'herbe pour occuper ses mains. Elle aussi était soucieuse.

- Cet homme a un problème avec toi, déclara Pauline, le regard perdu dans le vague.

Rose ne sut comment interpréter sa remarque. Elle préféra écouter le chant des oiseaux, douce mélodie à ses oreilles, le bruit du vent dans les feuilles des arbres. Cela était plus apaisant que tout, et l'empêchait de réfléchir sérieusement à sa situation actuelle.

Elle était prise au piège, qu'elle le voulût ou non. À commencer par son patron, qui dépassait les limites qu'il était formellement contraint de respecter ; et lui, ce Peaky Blinder redoutable, qui ne cessait de se trouver sur son chemin. Comme s'il lui était... destiné.

- Tu es amoureuse de lui ?

Rose manqua de trébucher, mais elle s'efforça de ne pas dévoiler son trouble bien qu'elle fût quasiment sûre que Pauline avait remarqué son brusque changement d'attitude.

- Oh, non ! Bien sûr que non ! s'exclama-t-elle en faisant mine d'être amusée.

Puis, elle retourna aussitôt le sujet vers Pauline. Avait-elle un coup de cœur ? Cette dernière finit par lui avouer que c'était Sam, l'un des vendeurs aux confections, qui la faisait chavirer. Nullement étonnée, Rose s'empressa de lui demander d'en dire plus sur ses sentiments et ce fut accrochées l'une l'autre par le bras qu'elles poursuivirent leur tour dans les bois, en échangeant leurs confidences.

*

Le soleil commençait à décliner. Les ombres ne se projetaient plus au sol. La température avait chuté, aussi. Il était l'heure de rentrer. Rose et Pauline arrivèrent au bord de la route, au lieu de rendez-vous. Mais un problème de taille se présenta à elles. La voiture avait disparu.

Elles étaient seules à l'orée de la forêt. Seules au coucher du soleil. À plusieurs kilomètres de Londres. Pauline céda à la panique, tandis que Rose tentait de trouver une solution.

Ashes | PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant