Ashes | PEAKY BLINDERS

XXXII. Le Cri

R. L.

La peur au ventre, Rose comptait les secondes. Gorge et yeux secs, elle était au plus mal. La voiture venait de dépasser Tower Bridge. Ils se rapprochaient sans doute de leur destination. Elle ignorait où ils devaient aller. La tension était à son comble. Elle n'avait plus les idées claires. Tout se brouillait dans sa tête. Entre l'indifférence de Michael et le silence de Thomas, Rose était démunie. Il ne lui restait plus qu'à attendre.

Comme toujours.

*

Une dizaine de minutes plus tard, le véhicule se gara devant une longue bâtisse aux briques sombres, dans une ruelle animée et sale. D'une démarche mécanique, Michael descendit entra dans le bâtiment que Rose reconnut immédiatement. C'était le quartier général des Peaky Blinders, là où elle avait rencontré Polly pour la première fois.

La française ne bougea pas. Elle sentait que Thomas avait des directives à lui donner. Elle commençait à être habituée à ses méthodes. Leurs mains étaient toujours liées. Gênée par ce brusque retour à la réalité, elle détacha ses doigts des siens et plongea son regard dans ses prunelles d'acier, le rouge aux joues.

- Suis-moi.

Rose ne se fit pas prier. Elle sortit de l'automobile derrière lui, sans un mot. Les odeurs de fumée et d'égouts lui fouettèrent les narines, mais elle n'eut pas le temps d'observer les lieux, Thomas la tira à l'intérieur.

*

Dans un vaste bureau qui était assurément celui du chef de gang, Rose s'impatientait. Il passait des coups de téléphone à voix basse. Il était à cran. À l'inverse, elle remarqua que Michael était très tranquille, assis dans l'un des canapés de la pièce, à fumer, le regard dans le vide.

Le calme avant la tempête.

Elle ne comprenait pas de quoi Thomas parlait. Les bribes de mots qu'elle parvenait à entendre étaient incompréhensibles. Elle tournait en rond et observait la riche décoration qui l'entourait. Du beau mobilier aux objets précieux, ses yeux avaient de quoi se régaler. Tout était superbe.

Après de longues minutes, interminables, Thomas abandonna le combiné noir, le teint pâle. L'heure était venue. Les choses sérieuses allaient commencer, même si Rose ignorait totalement leur nature. Il s'éclaircit la gorge. Michael rejoignit Rose, prêt à écouter son supérieur. Le fils de Polly avait le visage grave et les yeux cernés. Lui non plus n'avait pas beaucoup dormi.

- Tout le monde est prêt. Ils attendent mon signal.

Un silence pesant suivit sa déclaration. Rose était suspendue à ses lèvres. Ne pas savoir ce qui les attendait était pire que tout. Dans son esprit défilaient à un rythme effréné les pires situations. Les pires horreurs.

- Michael, va chercher tes armes.

Le sang de Rose ne fit qu'un tour. Elle eut la brusque envie de partir en courant. Des armes... La seule fois qu'elle en avait vue une, c'était dans ce pub. Où Thomas avait pointé son revolver à quelques mètres de son visage.

Michael hocha la tête et sortit de la salle, sans le moindre commentaire. Rose se mordit la lèvre, terrifiée. Bien sûr qu'il fallait des armes. Elle n'était pas naïve, mais cette perspective la terrorisait. Elle ne parvenait pas à parler, ni à se déplacer. Elle maintenait ses yeux fixés sur Thomas qui la regardait depuis son bureau. Son beau visage ne trahissait aucune émotion. Le cœur battant à tout rompre, Rose attendait – encore. Qu'allait-il advenir par la suite ? Elle inspira, en fermant brièvement les paupières.