T.S.
Le cadavre gisait sur le pavé humide, du sang noir éparpillé partout autour de lui.
Il n'avait toujours pas lâché son arme, bien que sa main droite tremblât furieusement. Cela lui arrivait de plus en plus souvent, ces convulsions. Surtout quand il commettait l'irréparable. Souvenirs de la Grande Guerre.
En sueur et en nage, Thomas regarda le corps auquel il avait ôté la vie. Quelques minutes plus tôt, cet homme parlait et respirait encore. Il lui avait révélé ce qu'il voulait savoir. Le gangster n'avait pas eu besoin de le menacer pour obtenir des informations. C'était sûrement un apprenti de cet immonde Nichols, une nouvelle recrue qui ne devait guère avoir d'importance – ou très peu. Ce pourquoi Thomas l'avait abattu d'une balle en plein cœur. Enfin, pas exactement. Le chef de gang voulait aussi prouver à Nichols qu'il n'avait peur de rien. La guerre était ouverte, désormais.
Seul dans ce tunnel sombre comme la nuit, il essuya son front détrempé puis rangea le pistolet à l'intérieur de sa veste. Il avait l'habitude, de tuer. Pourtant, ces derniers mois, cela était devenu plus difficile – presque douloureux. Voir la vie disparaître provoquait un sentiment inexplicable au fond de lui. Que la lumière s'éteignît dans les yeux de ses victimes, par sa faute, par son geste, lui rappelait un souvenir. Un seul et unique. L'assassinat de Grace.
Elle était morte dans ses bras. Il n'avait rien vu venir. Le coup était parti et elle s'était effondrée. Sans vie. Cette tragique et horrible vision hantait ses nuits, parfois même ses journées, au moment où il s'y attendait le moins. Sa voix résonnait dans sa tête, de temps à autre, comme si elle était tout près de lui. Comme si elle n'était jamais partie.
*
Thomas avait décidé de marcher, après son meurtre. Hors de question qu'il retrouvât l'un des siens pour le moment. Il avait besoin de digérer ce qu'il venait d'apprendre de ce pauvre garçon, au service du Diable nommé Nichols.
Ce dernier avait trouvé son point faible – s'il pouvait l'appeler ainsi, d'ailleurs. La veille, elle était allée chez lui. Il n'avait pas pu anticiper. Il n'avait surtout rien pu faire, car Nichols semblait toujours avoir une longueur d'avance sur lui. Toujours. Rose avait rencontré sa sœur, la sublime Jane. Malheureusement pour Thomas, il avait commis la grave et regrettable erreur de succomber à elle lors de l'une des nombreuses soirées qu'il avait eu coutume d'organiser, quelques mois avant. Mais c'était du passé. À présent, il n'instituait plus ces regroupements de débauche où l'argent, la drogue et le sexe abondaient. L'orgie dans son essence la plus pure.
Entre la duchesse russe Tatiana, la riche May, sa secrétaire Lizzie, des professionnelles triées sur le volet et elle, Jane, il avait enchaîné les femmes, à une période. À une sombre période où chaque soir, il avait une conquête différente. Où il voulait tout oublier, surtout lui-même.
Quelques passants croisaient son chemin, mais il n'y prêtait nullement attention. Le cadavre l'habitait encore. L'odeur du sang encombrait ses narines. La Mort ne l'avait pas encore laissé tranquille. Elle s'accrochait à lui comme son ombre. Elle était devenue son ombre.
Il jeta son mégot consommé par terre et poursuivit son avancée au sein de la capitale britannique, l'esprit embrumé. Nichols avait marqué un point. Lui, un autre. Ce n'était que le début. Thomas craignait que ce fût pire qu'une simple vendetta, telle qu'il l'avait menée contre l'italien au chapeau fédora noir, Luca Changretta. Nichols lui déclarait la guerre, une guerre ouverte comme jamais les Peaky Blinders n'avait eu à affronter.
R.L.
Ses collègues étaient quasiment tous partis. Le grand magasin s'endormait dans le coucher du soleil, et de magnifiques couleurs se révélaient aux derniers rayons de l'astre flamboyant. Les roses et violets étaient pleins de chaleur, même les blancs, verts et bleus. L'espace s'était transformé en un coffre à trésors, empli de pièces d'or et de reliques toutes plus précieuses les unes que les autres.
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Ashes | PEAKY BLINDERS
RomantikLondres, 1929. Laissant un sombre et douloureux passé derrière elle, Rose Lavoisier vient s'installer au cœur de la capitale britannique aux côtés de son père. Elle trouve un emploi de vendeuse dans la prestigieuse et célèbre boutique de John Moray...