Ashes | PEAKY BLINDERS

XXVIII. Les Aveux

R. L.

Sous le choc, le téléphone lui glissa des mains et atterrit dans un bruit sourd sur le bois massif du bureau. Sa respiration s'emballa et elle tenta de la réguler. Sans succès. Thomas apparut dans son champ de vision. Les sourcils froncés, il se pencha vers elle. Rose s'agrippa à la table. Elle avait besoin d'air. Là, tout de suite.

Sans donner d'explication, Rose se détourna de lui et fit un premier pas pour quitter la pièce, mais Thomas la retint. D'une main ferme, dont elle ne put se défaire, il la fit se retourner.

- Rose ? demanda-t-il à voix basse.

Elle était touchée par ses efforts, car elle savait à quel point il pouvait être hermétique aux émotions d'autrui. Il l'intima à la regarder, glissant une main sous son menton. Rose était pâle comme la mort.

- C'était lui, finit-elle par bégayer.

Aussitôt, Thomas ferma les yeux et inspira silencieusement. Elle le scruta sans rien dire, fébrile. Sa joie s'était volatilisée en un claquement de doigts. Son appel rassurant avec son père s'était transformé en une horrible menace de mort. Nichols les avait avertis. Il viendrait bientôt les retrouver.

Dans un silence des plus pesants, Thomas attira Rose dans ses bras et la serra contre lui. Protecteur. Son sauveur. Son cœur s'apaisa. Ses tremblements cessèrent. Et, tout bas, il lui murmura :

- Je te protègerai.

Ces trois petits mots. Une promesse renouvelée. Alors, Rose répondit à son étreinte, les yeux baignés de larmes. Le pire était à venir. L'Enfer l'attendait à bras ouverts.

Désormais, le Diable était prêt. À plonger le monde dans les flammes et les ténèbres.

À le réduire en cendres.

T. S.

Depuis l'appel inopiné de Nichols, il ne tenait plus en place. Les heures s'écoulaient, inlassablement. Il devait voir son ennemi, négocier avec lui. La guerre ne pouvait plus continuer ainsi.

Le chef des Peaky Blinders avait deviné que Nichols finirait par s'en prendre à Rose, mais il n'avait pas imaginé qu'il le fît si vite. Il arriverait, mais quand ? Une fois de plus, Nichols avait réussi à le surprendre, et à lui adresser une double menace. À ce rythme, retrouver le père Lavoisier serait pour lui un jeu d'enfant.

Après que Rose eût reçu le coup de téléphone menaçant, il s'était empressé d'envoyer des hommes supplémentaires surveiller l'appartement à Wembley, où se trouvait le banquier. Il était la cible idéale pour faire du chanter Thomas. Et anéantir Rose.

À l'heure du déjeuner, il n'était pas venu dans la salle à manger. Il avait perdu l'appétit. Il arpentait désormais son bureau à pas lents, consommant cigarette après cigarette. Il cherchait une solution. Alors qu'il se triturait les méninges comme un fou, Thomas tomba sur une vieille bouteille de rhum, qui le propulsa quelques mois en arrière. Une orgie indescriptible et sans limites, dans l'un des nombreux salons privés de sa demeure.

Un visage apparut dans son esprit. Chevelure rousse, yeux verts et bouche tentatrice.

Jane Nichols.

C'était elle, la solution.

R. L.

Cloîtrée dans sa chambre, Rose ne s'était pas présentée à l'heure du repas de midi. Morte de peur, elle s'était réfugiée dans son lit. Elle avait beaucoup pleuré.