XVI. La Nuit

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R.L.

La nuit était silencieuse. Bien que l'hôtel particulier fût en plein centre ville, il n'y avait pas un bruit. Pas même une voiture.

Rose n'avait pas fermé l'œil. Depuis des heures, elle avait les yeux rivés sur le plafond ainsi que sur le splendide lustre doré et transparent qui y était accroché. La gorge sèche, elle ne parvenait pas à arrêter le flux d'images qui défilaient dans sa tête et lui embrouillaient l'esprit. Et lui, toujours lui, revenait sans cesse, tel un refrain, telle une obsession qui refusait de la laisser en paix. Presque en sueur, elle tournait dans ses draps, incapable de contrôler son anxiété, sa colère et le florilège de sentiments qui la terrassaient.

Après son escapade avec Pauline, la rencontre avec son fils et lui, puis leur retour à Londres, Rose s'était enfermée dans sa chambre, sans manger ni boire.

Elle était vidée, n'avait aucun appétit, rien. Elle n'avait plus le goût à rien, mais il fallait se ressaisir. Le lendemain, le travail reprenait. Le visage de ce garçon ne la lâchait pas. Il avait les yeux de son père, mais le reste... Il le devait à sa mère. Qui était-elle ? Comment avait-elle pu réussir à se marier avec un homme tel que lui ? L'avait-elle transformé ? Ses questions la rongeaient de l'intérieur. Demeurer dans l'incertitude était terrible. Horrible, même. Rose s'était faite mener en bateau – en beauté – et elle n'arrivait pas à l'accepter. Une fois de plus, elle...

BOUM ! BOUM !

Rose sursauta et se redressa aussitôt dans son lit. On venait de frapper à la grande porte. Mais qui pouvait-ce être ? Son père n'était pas là, il était allé rendre visite à une tante et ne devait pas revenir avant cinq jours. Alors, qui cela pouvait-il être ? Aucune de leur deux gouvernantes ne vint la chercher. Peut-être n'avaient-elles rien entendu, après tout.

BOUM ! BOUM !

Le bruit se reproduisit. Le cœur de Rose se mit à tambouriner dans sa poitrine. Qui pouvait... ? S'emmitouflant dans sa robe de chambre et enfilant ses chaussons, elle quitta sa chambre pour gagner le hall d'entrée. Elle ne voyait rien – ou pas grand chose. Seul le clair de lune l'aidait à mettre un pied devant l'autre. Elle s'arrêta devant la porte d'entrée, tremblante de peur. Sous la panique, elle se munit d'une canne de son père à côté de la porte d'entrée, et se colla au bois sombre. Il y avait bel et bien quelqu'un, derrière la porte.

BOUM ! BOUM !

Elle manqua de hurler, mais se reprit. Les mains moites, elle ouvrit la porte. Et ce qu'elle vit lui fit frôler l'évanouissement.

Thomas Shelby lui faisait face.

T.S.

Sous ses yeux parfaitement ouverts, Rose Lavoisier apparut. Vêtue d'une robe de chambre en satin rose, elle ressemblait à un ange. Un ange perdu dans la nuit. Même si elle avait l'air ensommeillé, elle était belle.

Elle ouvrit la bouche, choquée. Il pouvait comprendre sa réaction. Il venait l'importuner en plein milieu de la nuit.

Thomas fit un pas vers elle. Instinctivement, elle recula, laissant tomber son arme de fortune sur le sol. Il ne montra rien de son étonnement. S'il était venu, c'était pour s'expliquer et comprendre. Rien ne lui avait échappé, durant l'après-midi et surtout, lui aussi avait été surpris de la rencontrer alors qu'il était avec son fils. Elle savait, désormais. Elle avait dû avoir mille et une suppositions à son égard, à sa situation, à son passé, à son présent – à ses secrets.

Comme si elle ne le connaissait que trop bien, Rose lui tourna le dos et alluma le hall d'entrée pour le laisser pénétrer à l'intérieur. Thomas ferma derrière lui, retira son habituelle casquette et attendit poliment près de la porte. Elle était à nouveau face à lui, les bras croisés. Son silence ne présageait rien de bon. Pourtant, il refusait de s'emporter, de dire tout ce qu'il pensait. Le rose brillant de sa tenue la rendait incroyablement délicate. Une fleur, si fragile et si pure.

Ashes | PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant