Chapitre I-2

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Intuitivement, nos gestes se synchronisèrent. Les deux ceintures de sécurité se déclipsèrent simultanément. Il en alla de même pour nos portières qui s'ouvrirent puis claquèrent à l'unisson. Ainsi, c'était d'un même pas que nous marchions vers ce groupe, dont l'attention était entièrement braquée sur notre arrivée. Alors que l'on sentait qu'ils étaient en pleine discussion il y avait seulement un instant, le cercle que formaient nos six compagnons venait de s'ouvrir afin de nous accueillir. Et c'était à la distance propice aux premiers échanges de mots, que Tom lança sur un ton plein d'enthousiasme :

— Salut les gars ! Alors, vous avez fait bonne route ?

— Ouais, tranquille ! Avec un temps pareil, c'est un plaisir de rouler ! répondit chaleureusement Sylvain.

Nous portions tous ce sourire qui cherche à exprimer de bonnes intentions. Prêts, a priori, à faire de notre mieux pour passer un agréable moment tous ensemble. Un week-end entre jeunes quoi !

— Salut Alice, comment tu vas ? puis-je enfin dire alors que ma joue s'élançait vers la sienne.

— Très bien et toi ?

— Ça va, je te remercie, répondis-je amicalement en finissant de lui faire la bise.

— Hey, David, quoi de neuf ?

Max, qui venait d'arriver près de moi, s'exprimait avec ce ton que je lui trouvais toujours exagéré. Mais bon, je n'étais pas vraiment objectif et j'en avais conscience. D'autant plus que je semblais être le seul à m'en agacer. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de le maudire en pensant à la question qu'il me posait. Quoi de neuf ? Tu pourrais pas me demander si je vais bien, comme tout le monde ? Tu veux que je te raconte ma vie, là, tout de suite ? Enfin, jouer la comédie était de mise dans ces circonstances et j'étais plutôt doué à ce jeu-là.

— Hey, salut Max, et bien, plein de choses... Et toi ?

— Euh... ben, plein de choses aussi.

— Et bien c'est cool, on va avoir le temps de se raconter tout ça !

J'avais bien fait attention à maîtriser parfaitement le ton que j'employais afin de rester tout à fait sympathique. Mais alors que j'enchaînais le plus naturellement possible ma trajectoire vers Léa, qui venait de faire la bise à Sylvain, je crus voir à son sourire qu'elle avait bien senti ce que je venais de faire. Et pour tout dire, cela m'allait très bien.

— Bonjour Léa, comment vas-tu ?

— Je vais bien, merci. Et toi ?

À ce moment précis, je remerciais nos ancêtres d'avoir créé cet usage de la bise entre filles et garçons. Car pendant un court instant, je pouvais sentir la douceur de sa peau contre la mienne. Et bien plus encore, son parfum, que je ne pourrais décrire que dans l'effet qu'il produisait chez moi : la sensation que chacun de mes neurones se faisait caresser en même temps.

— Ça va bien.

J'aurais tellement aimé dire plus, mais j'étais clairement en manque d'inspiration. Alors, camouflant au maximum mon hésitation, je continuai mon chemin pour saluer Sophie, puis Tom et Lola, et enfin en finir avec ce rituel.

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