Chapitre I-4

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La mécanique s'actionna lorsque Tom fit pression sur l'accélérateur. Tranquillement, nous nous engageâmes sur le chemin de terre qui se dessinait devant nous, laissant garées à l'orée de la forêt les voitures qui nous avaient conduites ici. Les arbres, ces gros feuillus qui convenaient à la région, devinrent rapidement le principal décor, réduisant considérablement notre visibilité. J'avais du mal à estimer jusqu'où je pouvais regarder, car bien que j'eusse l'impression de voir assez loin, je ressentais la façon dont ces troncs s'organisaient en tamis afin de faire obstacle à ma vue. Le ciel quant à lui avait majoritairement disparu derrière la canopée, mais pouvait apparaître tout de même par taches, dès lors que l'absence de cimes d'arbre sur le chemin le permettait. La qualité de la piste sur laquelle nous roulions était précaire. Jonchée d'ornières laissées par des véhicules agricoles et autres camions, chargés sans doute de transporter le bois issu de la forêt, elle nous obligeait à adopter une vitesse limitée. D'autant plus que la remorque que nous tractions accentuait les sensations de mouvements brusques produits par ces trous et ces bosses qui parsemaient notre route. Au fur et à mesure que nous avancions, je percevais que le terrain devenait de plus en plus gras, sentant que le comportement du véhicule commençait à changer dans les virages. Rapidement, des petites flaques sur le sol vinrent d'ailleurs le confirmer. Dans ces conditions, il ne fallut pas attendre longtemps avant que notre pilote ne s'arrête.

— OK les amis, c'est ici que les choses deviennent intéressantes ! nous dit-il alors.

— Il va falloir vous tenir les filles, on va faire un peu de cross ! rajouta Sylvain.

Je profitai de son commentaire pour me retourner et prendre la température à l'arrière. Tout le monde avait encore le sourire, même si je pouvais lire sur le visage de Sophie et Alice une légère appréhension.

— C'est qu'un petit tour de manège. On va bien se marrer, lança Max en direction de Léa.

— J'ai hâte de voir ça ! lui répondit-elle enjouée.

Je demandais alors à Tom s'il y avait une chance de rester bloqué.

— Cette machine, rien ne l'arrête ! Regarde.

Il actionna le levier à côté du boitier de vitesse en le montant d'un cran.

— Là, je bloque le diff !

— Le diff ?

— Ouais, c'est le différentiel, c'est ce qui fait que les roues tournent à des vitesses différentes sur la route. Mais sur un terrain boueux comme celui sur lequel on arrive, il faut qu'on ait l'adhérence de toutes les roues, sinon on va patiner.

— Trop cool, et du coup la boue c'est plus un problème ?

— La plupart du temps ça suffit, mais après quand ça monte on peut augmenter la traction en passant en vitesse courte. Tu verras tout à l'heure. Le chemin est sympa, on s'est bien poilés quand on est venu en repérage avec Sylvain.

— Bon alors on est reparti ?

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