Sans nous laisser le choix, cet individu, dont nous ne connaissions même pas le nom, nous avait presque abandonnés sur ces mots. Il s'était contenté d'ajouter qu'il avait besoin de réfléchir et qu'il nous recontacterait bientôt, mais qu'il éteignait son talkie pour l'instant. Le résultat de cette discussion était dur à encaisser. Nous avions fondé tous nos espoirs sur les propos que nous avions entendus à travers la porte, et vivions à présent une énorme désillusion. Lui, avait peut-être besoin de réfléchir, mais nous certainement pas ! Car je pouvais lire sur tous les visages autour de moi que la déception dont nous étions victimes nous rongeait progressivement. Moi même, je ne faisais que ressasser des idées aussi noires que la mort, que ma propre mort pour être précis. En effet, j'en étais là. À me répéter intérieurement que je ne m'en sortirais pas, que nous étions foutus. Tout ce que j'avais souhaité, c'était que ce soit facile. Enfin, facile, tout étant relatif. J'avais déjà réussi à crocheter une serrure. Et puis Sylvain et moi avions pu échapper au monstre. Sans compter qu'on avait réussi à se mettre à l'abri, ici, dans ce local. On ne pouvait quand même pas dire que l'on avait été épargnés. Alors j'en avais assez, je voulais que l'on vienne nous sauver, voilà tout. Et puis je voulais comprendre aussi. C'était quand même la moindre des choses. Que l'on nous explique ce à quoi nous avions affaire.
Alors, quand après de trop longues minutes, l'homme nous recontacta, je demandai le talkie à Sylvain. Maintenant c'était moi qui allais parler. Et je ne pris pas le temps de répondre à sa question stupide, oui nous étions là, évidemment, accrochés bêtement à cet objet, en train de l'attendre lui, pendant que Monsieur réfléchissait. Non, moi je savais ce que je voulais : je voulais savoir.
— Bon, avant toute chose, il faut nous expliquer ! Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Et qu'est-ce qui se passe ici ?
Bien que peu préoccupé par leur attitude à ce moment, je pus percevoir un intérêt partagé par mes compagnons.
— Euh, oui, je comprends que tout ça soit dingue pour vous. Le problème c'est que c'est tout aussi dingue pour moi. Alors je vais vous dire ce que je sais.
Il marqua une petite pause avant de reprendre.
— L'endroit dans lequel nous nous trouvons se nomme « Centre Alpha ». C'est un ancien bunker antinucléaire de l'armée qui s'enfonce profondément dans le sol. Il a été construit pendant la guerre froide et a été réhabilité plus tard pour accueillir différents projets. Le site, comme tout ce qui se passe ici, est hautement classifié. En fait, tout est tellement secret que je ne sais rien de la quasi-totalité des activités et des recherches qui étaient menées dans le centre. Je ne sais même pas jusqu'où s'enfonce le bâtiment ni combien de niveaux il comporte. Moi je suis au niveau cinq, et un jour un gars m'a dit qu'il bossait au niveau vingt-trois. C'est le niveau le plus bas dont j'ai entendu parler. Pour ma part, je ne suis qu'un petit soldat. Je me suis porté volontaire pour un poste de sécurité sur site sensible et après quelques tests je me suis retrouvé affecté ici. Pour moi, c'était parfait. Un boulot tranquille et bien payé en échange de quelques contraintes personnelles, ainsi que de ma capacité à garder tout ça secret. Mon job était une vraie planque en fait. C'est juste que l'armée a toujours des protocoles de sécurité qui nécessitent des gars comme moi. J'avais en charge la surveillance de trois niveaux. Mais il ne se passait jamais rien. Je passais le plus clair de mon temps à regarder des films dans ma salle remplie d'écrans et à me demander comment j'allais dépenser mon salaire pendant ma perm'. Mais un jour, tout a tourné au cauchemar. J'étais en train de remater « Terminator 2 », quand une alarme s'est déclenchée. Putain, j'ai tout vu grâce aux cams, mais j'arrivais pas à y croire. La contamination a été super rapide. Et encore aujourd'hui, je ne comprends pas comment ça a pu se produire. J'ai vu des zombies attaquer des gens. J'ai vu les victimes se transformer. Mais comment ça a pu passer d'un étage à l'autre, ça, ça m'échappe complètement. Je veux dire, ils ont pas pu contaminer tous les niveaux par l'ascenseur, pas avec l'alarme. Enfin, quand je me suis rendu compte de ce qui se passait, j'ai compris que c'était déjà trop tard, je ne pouvais plus m'enfuir, ils étaient déjà à mon niveau. Alors je me suis barricadé dans ma salle de garde. Après j'ai contacté tous ceux que je pouvais avec les talkies-walkies, mais ils sont morts au fur et à mesure. Le problème c'est qu'il y a un protocole d'alerte qui a condamné les accès extérieurs. On ne savait même pas que ça pouvait arriver. On a quand même réussi à s'organiser avec les derniers survivants pour trouver comment déverrouiller la porte du bois pendant un court laps de temps. Il nous a fallu réussir plusieurs étapes et on a perdu la plupart de nos gars. À la fin nous n'étions plus que deux, Leny et moi. Il a réussi à couper l'électricité, ce qui était nécessaire pour désactiver le système. Ensuite, il devait bloquer la porte et revenir remettre le courant pour que je puisse monter à mon tour. Mais plus tard, j'ai reçu un message très court où il me disait : « désolé, j'ai foiré ». J'ai essayé de le joindre plein de fois, mais sans succès. Depuis je pensais que j'étais seul, que la porte ne s'était jamais ouverte, et pour tout dire, je me demandais comment j'allais en finir.
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ACCROCHE-TOI À MOI
Mystery / ThrillerDavid, dix-neuf ans, ne désire qu'une seule chose : être aimé d'elle. Mais les doutes l'assaillent, le courage lui manque. Léa, cette douce et jeune fille qu'il trouve si belle lui semble être monstrueusement terrifiante. Eh quoi ? Est-ce un crime q...