ACCROCHE-TOI À MOI

Chapitre IV-21

Je frappai sur la porte. Elle s'ouvrit instantanément, et je pensai :

Enfin !

Je pouvais lire de nombreuses interrogations dans les yeux de Tom. L'une d'elles disparut, heureusement, lorsque Sylvain pénétra à son tour dans la pièce.

— Vous en avez mis du temps ! On avait dit une reconnaissance rapide ! chuchota Max.

En l'entendant, je perçus instantanément la frustration et l'angoisse qui avaient dû l'amener à ressasser ces mots tout au long de notre absence.

Je dus pourtant faire un effort considérable pour me retenir de lui répondre : « T'auras qu'à y aller la prochaine fois ! »

Ceci dit, pour moi cela en valait la peine, car il me semblait nécessaire de censurer toute remarque pouvant générer de l'animosité au sein du groupe. Nous n'avions clairement pas besoin de cela en plus.

— Je suis désolé mec, s'excusa doucement Sylvain à mon égard, mais il fallait qu'on sache si la pièce était clean.

— Ça va ! lui mentis-je en guise de réponse.

Ça n'allait pas. Pourtant la chance nous avait souri. Nous nous en étions sortis indemnes, miraculeusement ! Mais à présent, j'étais vidé, exténué par la tension subie au cours de cette excursion. Alors, comme désinhibé par la fatigue, je fis les quelques pas qui me séparaient de Léa, et m'assis tout près d'elle. Aussitôt adossé contre le mur, je baissai la tête en direction de mes genoux. Elle m'offrit alors le réconfort que j'étais venu chercher à son contact, simplement en posant sa main sur ma cuisse.

— Que s'est-il passé ? formula enfin Sophie.

— Il faisait complètement noir de l'autre côté, reprit-il, du coup c'était chaud et super stressant d'explorer. On pouvait se faire attaquer n'importe quand. Après un moment, on a réussi à trouver le talkie qu'on avait entendu. Mais ensuite, j'ai voulu qu'on finisse de faire le tour de la pièce. Tant qu'à y être, je voulais qu'on sache s'il y avait de ces saloperies qui traînaient là-bas. Parce que si on veut sortir, a priori c'est par là qu'il faudra passer ! On en a finalement atteint le fond. Elle était vide, mais il y avait une porte ouverte. Et c'est là qu'on en a vu un. Je peux vous le dire, ces trucs-là, c'est vraiment des zombies, y'a pas de doute.

— Et alors, comment vous avez fait ? Vous l'avez buté ? interrogea Tom en profitant d'une pause minuscule, alors qu'il était évident que la réponse allait venir d'elle-même.

— Non, j'ai pas voulu prendre le risque. Enfin, en tout cas j'ai essayé de faire autre chose. Je l'ai joué ninja et j'ai réussi à fermer la porte tout doucement sans qu'il ne nous voie.

— Je peux vous dire qu'à chaque seconde, j'ai cru qu'il allait essayer de nous bouffer ! ajoutai-je par besoin d'exorciser un minimum l'angoisse vécue plus tôt.

Bien sûr, nos amis ne manquèrent pas de nous féliciter pour la réussite de notre mission. Mais je dois dire qu'une intervention prit l'ascendant sur toutes les autres. D'autant plus que je la reçus presque à l'oreille, en tout cas à une distance qui ne pouvait m'empêcher de ressentir le privilège d'une certaine intimité.

— Merci pour tout ce que tu as fait ! m'adressa celle dont les mots me touchaient plus que nul autre ne pouvait espérer le faire. C'est très courageux. Et je voulais te remercier aussi pour tout à l'heure, quand tu m'as attrapé la main et que tu m'as aidée à fuir.

— T'inquiète, c'est normal !

J'avais prononcé ces mots de façon automatique. Si l'on m'avait dit que l'humilité pouvait être une mauvaise habitude, je n'y aurais pas cru. Au contraire, j'ai toujours fait partie de ceux qui considèrent que les vertus ne sont jamais à proscrire. Ainsi, pour moi, on ne peut pas être trop gentil. Même si certains s'évertueront toujours à vous persuader du contraire, autant grâce à des arguments théoriques que pratiques. Mais là, je dois dire que je regrettais quelque peu d'avoir accueilli ces remerciements avec autant de flegme. Je n'eus malheureusement pas le temps de rajouter quoi que ce soit, car la situation nous imposa encore une fois ses priorités.