Chapitre VII-36

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Relevée à présent, elle me regardait. Je retirai ma frontale devenue inutile, et elle m'imita, mais ne s'arrêta pas là. Naturellement, elle déboutonna sa veste. Ses yeux suivaient maintenant ses doigts, occupés à exercer habilement les pressions que nécessitait la tâche. Mon regard restait sur elle, alors que je tentais de feindre un calme qui ne m'habitait pas. Les battements de mon cœur se faisaient plus rapides, augmentant par la même le rythme de ma respiration. Je compris que j'avais peur, sans trop savoir pourquoi. Ma volonté hurlait à mon corps son désir de se contenter d'une douce étreinte, mais celui-ci croyait pouvoir obtenir plus que cela et se démenait de l'intérieur. Je n'allais pas pouvoir camoufler facilement les turpitudes métaboliques dont souffrait mon organisme, même si heureusement, celles-ci n'avaient pas réveillé la plus gênante d'entre elles. La veste rejoignit le sol discrètement. Son haut, blanc et simple au point de croire qu'il fut conçu pour ne jamais être vu, la parait magnifiquement bien. Ses épaules libres d'un tissu inutile exposaient une peau dont mes yeux gageaient de la douceur. Aussi, deux jolis petits indices m'assuraient qu'elle ne portait rien pour soutenir ce qui n'en avait clairement pas besoin. Elle s'allongea et vînt se blottir contre moi. Je la pris dans mes bras et la serrai fort, cherchant à exorciser le tumulte des passions qui m'assaillaient malgré moi. Elle me serra plus fort encore, avec une puissance qu'elle, contrairement à moi, n'avait pas besoin de brider. Et c'est ainsi, couchés l'un contre l'autre, sa bouche si près de mon oreille, qu'elle me parla.

— Je t'aime.

Elle prononçait ces mots pour la première fois, et je me rendais compte de leur pouvoir. Elle continua.

— Moi aussi, depuis le premier jour, j'ai senti que tu étais spécial. Je t'ai trouvé charmant, et j'ai très vite compris que tu étais particulièrement intelligent. Ça m'a tout de suite attirée. Mais je t'avoue que je ne pensais pas que c'était réciproque. Je sentais toujours une distance que tu gardais entre nous. Ce qui me faisait penser que tu étais déjà pris, ou pas réellement intéressé. J'imaginais que tu voulais que l'on soit amis.

— J'avais peur... de me faire mal... si tu ne voulais pas de moi.

— Je comprends, ne t'inquiète pas. Moi aussi j'avais peur... Tu crois qu'on va mourir ?

— Je te jure de tout faire pour que ça n'arrive pas.

— Je te crois. C'est déjà ce que tu fais depuis le début, on a tous tellement de chance que tu sois là. Mais tu crois que ça suffira ?

— Je ne sais pas.

— Moi non plus. En tout cas, si quelque chose nous arrive, même à moi, ne t'en veux pas, d'accord ?

— Je ne veux pas y penser.

— J'aimerais pouvoir ne pas y penser. Cet endroit... je n'y crois toujours pas. J'ai toujours eu conscience que j'aurais peut-être l'occasion de subir une catastrophe dans ma vie. Sans doute à cause de nous, les êtres humains. À notre époque, avec les guerres, les armes nucléaires, et le reste... Je n'ai jamais compris pourquoi notre espèce ne peut pas s'empêcher de détruire. Alors que l'on a tellement de chance d'être sur cette magnifique planète. C'est désolant, et tellement frustrant.

— Je suis d'accord, j'ai toujours pensé comme ça.

— Tu sais, je me dis que peu importe ce qui se passe, j'aurai eu la chance d'être avec toi. D'avoir eu le droit à ton amour.

— Moi aussi, tellement !

— Il y a quelque chose que j'ai envie de te dire...

Sa main vint attraper la mienne et la glissa sous le bas de son débardeur.

— Si je dois mourir, avant... j'aimerais bien être toute nue avec toi.

J'ai ressenti une pulsion de vie m'envahir, réveillant instantanément mon ardeur masculine. Elle ne s'est pas éloignée en la sentant. Au contraire, elle appuya encore un peu plus son bassin contre le mien.

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