Chapitre II-7

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— Pas mal hein ? fit semblant d'interroger Sylvain.

— C'est magnifique ! se permit d'exprimer Léa avec une douceur féminine assumée, que j'adorais bien évidemment.

— Ça déchire ! On va être trop bien ! renchérit Max.

— Bon, et comment vous comptez traverser ? interrogea alors Alice.

— Et ben on est en 4x4, non ? dit Sylvain.

— Tu déconnes ? On va pas bousiller la rivière ! lançais-je spontanément sur un ton engagé.

— Bien sûr qu'il déconne, rassure-toi, on a fait un pont quand on est venu la dernière fois, me répondit Tom.

— Sans déc ?

Il ne fallut pas attendre longtemps avant de nous trouver devant le fameux pont. Habile construction, bien que précaire, l'ouvrage était constitué de grosses branches mortes, mais solides, le tout ficelé avec de la corde en chanvre. Le talent de mes amis s'y retrouvait suffisamment pour le rendre aisément praticable.

Le temps était venu de quitter le véhicule. Il avait rempli sa mission en nous permettant de nous éloigner ainsi de la civilisation.

Naturellement, nous nous partageâmes les charges de notre équipement. Les filles se contentèrent de leurs sacs à dos. Nous, garçons, utilisions nos bras en plus. Histoire de faire preuve de virilité, évidemment. Il nous fallut quand même deux aller-retour pour vider entièrement la remorque.

Mon djembé sur le dos et ma tente dans les bras, je marchais tout en discutant avec Tom.

— On a quand même eu chaud tout à l'heure, lui dis-je.

— J't'avouerais qu'y a un moment où je faisais pas le malin.

— En tout cas, t'as grave géré mec.

— Merci. Putain si mon père avait vu ça, il m'aurait tué !

— En même temps, on est passés !

— Ouais, t'as raison. Et ça en valait la peine.

— C'est clair ! Comment vous avez trouvé ce coin-là au fait ?

— Y'a un mois, Sylvain est venu chez moi pour faire du 4x4. Il avait repéré la forêt en passant dans le coin et s'était dit qu'il y avait du potentiel. On a testé pas mal de chemins et on a fini par tomber ici. Autant te dire qu'on a tout de suite kiffé.

— Tu m'étonnes !

Nous arrivions près du vieil arbre, là où nous avions réuni notre matériel afin d'installer notre campement. L'endroit était parfait, nous pourrions profiter de l'ombre que nous offrirait le chêne le matin, tout en étant à proximité de ce joli petit étang. Je dois dire que j'espérais qu'il serait l'occasion d'une baignade, car la perspective de côtoyer les filles en bikini me semblait plaisante.

À peine avais-je déposé mes dernières affaires que Sylvain dit :

— Bon, je sais qu'on a tous envie de se poser, mais il va bientôt faire nuit. Est-ce que vous êtes d'accord pour que vous installiez les tentes pendant qu'on se fait une grosse corvée de bois avec David ?

À en juger par les hochements de tête et les « pas de souci » que je pouvais entendre, il en serait ainsi.

— Parfait ! Mec, t'attrapes ton outil !

Par ces quelques mots, il me donnait l'occasion de sortir ma machette, j'en étais ravi !

Sans rien dire, j'ouvris alors mon sac tout en sentant que l'attention était discrètement braquée sur moi. Je dus alors retenir un sourire de fierté en me relevant avec l'objet dans les mains. Il était difficile de rester stoïque, mais je tenais à soigner mon effet.

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