Chapitre II-12

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L'odeur des saucisses en train de griller me soulageait un peu. Mais trop peu. J'étais pensif. Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce qui se passait dans l'esprit de Léa en ce moment. Était-elle en train d'apprécier la discussion dans laquelle elle était plongée ? Difficile à dire. Elle semblait attentive. J'essayais de me rassurer en me disant qu'elle et Max se connaissaient depuis un moment. Que s'il avait dût se passer quelque chose entre eux, ça se serait déjà fait depuis longtemps. Mais à la fois, je prenais conscience que les circonstances étaient propices à l'émergence de nouveaux sentiments. J'aurais aimé tout arrêter. Les rejoindre. Les interrompre. Mais c'était impossible.

Je me mis soudain à réfléchir à ce que je vivais en cet instant. En moi, c'était le chaos. J'étais soumis à un tumulte d'idées que la jalousie et la peur faisaient naître. Et pourtant tout autour ce n'était que joie et détente. Sophie, Alice et Lola papotaient comme les filles savent si bien le faire. Elles étaient captivées par un sujet qui m'était inconnu et semblaient en tirer beaucoup de plaisir. Sylvain et Tom discutaient de choses et d'autres en surveillant la cuisson de notre barbecue sauvage. Moi, près d'eux, j'essayais de donner l'illusion de participer à leur conversation. J'étais en pilote automatique. Les hochements de tête, les sourires, les petits mots d'acquiescement, tout cela se succédait avec le minimum de concentration possible. Et bien sûr, Max continuait de faire sa cour à celle que j'aimais tant. Il fallait que je me reprenne. Finalement, ce n'était que la première soirée.

Je partis donc chercher mon djembé, le posai près du feu et m'assis dessus. En voyant ce que je faisais, Sylvain ne tarda pas à me rejoindre équipé de son propre instrument : une derbouka. Nous nous mîmes alors à jouer avec entrain et cela donna un nouvel élan à la soirée. Répondant à l'appel des percussions, les filles dansèrent près du feu, Léa incluse. Elles nous donnèrent un spectacle tribal d'une grande beauté. Max, ne semblant pas à l'aise à l'idée de se trémousser avec elles, rejoignit Tom aux grillades. Puis vint le temps du repas. Tous en cercle autour de notre grand brasier, nous avons mangé en discutant. La soirée dura jusqu'à ce que l'herbe et l'alcool aient raison de notre énergie. Léa se coucha plus tôt que moi. Je n'eus donc pas l'occasion de vivre un nouvel instant privilégié en sa compagnie. Mais je dois dire que je fus rassuré de voir qu'elle partageait sa tente avec Sophie. Je n'avais plus de raisons de m'inquiéter d'ici le lendemain et pouvais aller dormir tranquille.

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