XLV-Tome 2

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Quand elle me demande de m'installer, je ne suis plus aussi gênée de lui montrer mon vagin comme à chaque fois. Pourquoi ne suis-je pudique qu'avec les gynécologues ? D'ailleurs j'ai oublié ce que ça faisait, ce rendez-vous était la dernière chose que je voulais pour aujourd'hui. Comme si remuer le couteau dans la plaie ne suffisait pas. Je refuse de jeter un regard à la personne qui m'accompagne. À force de lui supplier de rester dans la salle d'attente, j'ai failli déclencher une dispute. Je ne me sens pas bien, c'est tout...

-       Tout va bien ?

Je la regarde, et je constate que je n'avais jamais eu les jambes aussi serrées. J'hoche la tête avant de me détendre. Pendant qu'elle m'inspecte je me mets à fixer un point. Cette prise de courant dans le coin du mur. Au début je me mets à critiquer l'électricien qui a précisément eu l'idée de la mettre ici. Et puis je sens la matière froide et désagréable s'insérer progressivement. Ce n'est pas douloureux, juste la même chanson depuis toujours, seulement cette fois-là est unique. Elle est sensée déclarer officiellement que ça n'arrivera jamais.

Et puis c'est plus qu'évident. J'ai arrêté la pilule, étant donné qu'elle ne servait plus à grand-chose. Je ne suis pas tombé enceinte une fois, même pendant mes périodes d'ovulation. Alors oui, je trouve ce deuxième avis vraiment stupide. Mais assez intelligent pour me plomber le moral.

Cet examen dure en générale quelques minutes, trois je dirais. J'ai déjà envie d'en finir. J'ai pourtant vécu une bonne journée, ordinaire mais bonne. Et donc je suis sensé rentrer chez moi en larmes ? Il y a cette injustice que je ne supporte plus et qui continue de me répéter mes malheurs.

-       C'est terminé, vous pouvez vous rhabiller. Je repasserais pour faire une prise de sang.

-       Bien sûre.

Elle quitte la pièce, moi je n'ai pas bougé. Et puis je l'entends, je l'entends s'approcher de moi. Il est tout près mais je refuse de le regarder, tout ce que je voulais c'était affronter ça toute seule. Mais il va me dire que je n'en ai pas la force.

Mon premier réflexe est de renifler, bien sûre que je pleure. Ce que tu peux être naïve de croire que ça va aller, Brook !

-       Je suis désolé, il chuchote en caressant mes cheveux.

Il n'y a rien à dire, juste à partager. En fait, je suis contente qu'il soit là. Je ne pouvais pas écouter la pitié des autres, alors que mon frère a toujours été le plus honnête avec moi. Il attrape ma main, et mes larmes se succèdent.

-       Il y a quelque chose que maman nous disait toujours.

Sans pouvoir le regarder, il se contente de poser son menton sur ma tête. J'ai l'occasion d'être proche de son cœur.

-       On ne trace pas sa propre route avec perfection si on n'a jamais rencontré d'obstacles.

Je ricane légèrement.

-       Elle te l'a dit quand tu n'as pas réussi à conclure avec une fille du lycée.

-       Tu te souviens de ça ?

-       Oui, tu avais le cœur brisé.

-       Ça c'est vrai.

-       Comment elle s'appelait déjà ?

-       Camilla, je crois. Oui, c'est ça.

-       C'était une vraie peste avec toi.

-       Briar me le répétait sans cesse, et je ne l'ai pas écouté comme un idiot.

-       Sûrement parce que tu as toujours été comme ça.

Delicious pleasure(1&2)H.S (mâture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant