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18/12/1993








Dans le château, un beau samedi matin, j'aperçus le professeur Lupin dans un croisement de deux couloirs. Il marchait droit vers moi, et je ne manquai pas de l'interpeller.

— Bonjour professeur. J'ai adoré votre cours sur les Pitiponks, hier.

— Merci bien, Tiana.

Le cours était réellement passionnant. Le professeur Lupin avait apporté une cage de verre qui contenait un Pitiponk, une petite créature, apparemment frêle et inoffensive, dotée d'une seule patte et dont le corps et les bras semblaient constitués de filets de fumée entrelacés.

Lupin était sans aucun doute le meilleur professeur de Défense Contre les Forces du Mal, que nous avions eut en trois années. Rien à voir avec ceux qui l'avaient précédé.

— J'ai entendu parler du match, poursuivit le professeur en refermant son livre, et j'ai été navré d'apprendre la destruction du balai d'Harry. Y a-t-il moyen de le réparer ?

— J'ai bien peur que non, répondis-je. Le Saule l'a cassé en mille morceaux.

Lupin soupira.

— Ils ont planté ce Saule cogneur l'année de mon arrivée à Poudlard. A l'époque, le grand jeu consistait à essayer de s'en approcher suffisamment pour toucher le tronc. A la fin, un garçon du nom de Dave Goujon a failli perdre un œil et nous n'avons plus eu le droit de nous en approcher. Un balai n'avait aucune chance de s'en tirer indemne.

— On vous a aussi raconté ce qui s'est passé avec les Détraqueurs? Demandais-je.

J'avais eus du mal à me décider à poser la question.

— Oui, répondit Lupin. Je crois bien qu'on n'avait jamais vu le professeur Dumbledore aussi en colère. Ils ont du mal à tenir en place... Ils sont furieux qu'on leur refuse l'entrée dans l'enceinte de l'école... J'imagine que c'est à cause d'eux qu'il est tombé ?

— Oui.

J'hésitai, puis la question que j'avais en tête franchit mes lèvres presque malgré moi :

— Professeur? Depuis le début de l'année il y a eut deux attaques. Et à chaque fois c'était Harry ou moi. Pourquoi ils nous font autant de mal?

— Ça n'a rien à voir avec une quelconque faiblesse, dit aussitôt le professeur Lupin comme s'il avait lu dans mes pensées.
Les Détraqueurs vous affectent plus que n'importe qui d'autre parce qu'il y a dans votre passé des horreurs qui n'existent pas chez les autres.

Un rayon de soleil hivernal traversa le couloir, éclairant les cheveux gris de Lupin et les rides qui creusaient son visage encore jeune.

— Les Détraqueurs comptent parmi les plus répugnantes créatures qu'on puisse trouver à la surface de la terre. Ils infestent les lieux les plus sombres, les plus immondes, ils jouissent de la pourriture et du désespoir, ils vident de toute paix, de tout espoir, de tout bonheur, l'air qui les entoure. Même les Moldus sentent leur présence, bien qu'ils ne puissent pas les voir. Quand on s'approche trop près d'un Détraqueur, toute sensation de plaisir, tout souvenir heureux disparaissent. Si on lui en donne le temps, le Détraqueur se nourrit des autres jusqu'à les réduire à quelque chose qui lui ressemble ; des êtres maléfiques, dépourvus d'âme. Celui qui subit son pouvoir ne garde plus en mémoire que les pires moments de sa vie. Et les pires moments de votre vie, Tiana, suffiraient à faire s'évanouir n'importe qui. Il n'y a aucune honte à ça.

— Quand ils sont près de moi...

Je m'interrompis, le regard fixé sur les chaussures usées du professeur.

Tiana Jedusor Et Le Prisonnier d'AzkabanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant