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Dans un même mouvement, nous nous affalâmes sur le canapé en cuire noir de la salle commune, avant de soupirer un bon coup.

Je pensais ne jamais voir la fin de cette journée, et j'étais bien contente d'être là, à quelques petites minutes de rejoindre mon lit douillet.

— Je suis épuisée, révélais-je.

— Et moi donc.

Un long silence s'installa entre nous, pendant lequel nous contemplâmes le feu de la cheminée onduler devant nous. Ce n'était pas un silence gênant, bien au contraire. Il m'apaisait beaucoup, quand je repensais à cette longue journée que j'avais passé.

— J'ai appris que tu avais essayé de parler à mon père, tu sais, pour Durmstrang. Révéla Théodore.

Je tournais brusquement la tête vers lui. Son père avait dû le lui dire.

— C'était gentille de ta part.

Je relevais lentement la tête vers lui, la surprise ayant peint mon visage.

— Tu n'es pas fâché, alors ? On t'a passé un savon ?

Comme pour affirmer ses propos, il me dédiât un sourire des plus rassurant, qui eut immédiatement son petit effet sur moi.

— Non, et non. Mais abandonne, ça ne sert à rien, vraiment.

L'abandonner ? Lui? Impossible.
Autant me demander d'arrêter de me fourrer dans les problèmes les plus insolites, ce serait plus simple.
Non, je ne pouvais pas faire ça, et il ne pouvait pas me demander ça. En tout cas, pas après tout ce que l'on s'était dit au manoir.

— Abandonner? Riais-je amèrement. Théodore, tu t'es rendu compte que j'avais des sentiments pour toi?

Ce ne fut que lorsque ces mots franchirent la barrière de mes lèvres que je me rendis compte de l'énorme bourde que j'avais commise. Ou plutôt, des énormes bourdes que j'avais commises.

La première étant de m'être autant attachée à lui, même en sachant qu'il ne serait plus là l'année prochaine, mais à des milliers de kilomètres de l'Angleterre.

La seconde étant qu'il m'avait prévenu, qu'il avait essayé d'empêcher cela, mais que je n'en avais fait qu'à ma petite tête et que j'allais en payer les pots cassés.

La dernière, et pas des moindres, étant que maintenant il savait que j'avais des sentiments envers lui, enfin, si cela n'était pas déjà assez évident. Mais le savoir et le dire étaient deux choses différentes, et maintenant, Théodore le savais et m'avait entendu le dire.

Étonnamment, tout cela étaient loin d'être des choses que je regrettais. L'avoir rencontré, m'être attachée à lui, l'avoir avoué.

Peut-être que la fatigue me jouais des tours, et que dès demain j'allais regretter tout ça, ou pas d'ailleurs.

— Tu n'es pas idiote, tu ne ferais pas ça. Lâcha le brun d'un air nonchalant, le regard rivé sur la cheminée.

— Je le suis. Je suis la pire des imbéciles s'il le faut. Le fait est que c'est là, et que ça ne part pas.

Je me replaçais correctement et me laissais tomber contre le dossier du canapé.

— Alors, pitié, ne me demande pas des choses aussi stupides que de t'abandonner. De toute façon, je ne t'écouterais pas, tu devrais le savoir depuis le temps.

Voyant qu'il ne répondait rien, je surenchéris, sortant tous les arguments valables étant en ma possession pour le faire flancher.

— Tu te souviens quand tu m'as dit que tu m'apprendrais à jouer du piano ? Eh bien, je n'en ai plus envie. Moi, j'ai envie de t'entendre en jouer... tout le temps, ajoutais-je.

Tiana Jedusor Et Le Prisonnier d'AzkabanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant