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30/04/1994








Les samedis de printemps étaient définitivement les meilleurs jours pour se rendre à Pré-au-Lard. Quand il ne faisait ni trop froid pour se donner la peine d'enfiler un manteau et ni trop chaud pour s'en plaindre.

Et pour profiter de cette journée, Pansy m'avait, aussi étrange cela soit-il, gentiment proposé d'aller boire une Bieraubeurre.

Pour plaisanter, je lui avais d'abord demandé si elle comptait m'empoisonner une fois sur place, et elle avait ri.

Ce rire insupportable que je commençai à apprécier. Incroyable mais vrai.

— Tu as vu? Le peu d'élèves qu'il y a nous regardent étrangement...

Nous nous étions donc rendus aux Trois Balais, ensemble, rien que toutes les deux et effectivement, le peu de monde qu'il y avait à cette heure-ci étaient des élèves nous dévisageant avec surprise.

— L'année dernière on s'est littéralement battu et maintenant nous voilà en train de boire une Bieraubeurre ensemble.

— Qui l'aurait cru! M'exclamais-je.

Une fois assise, la noiraude retira délicatement ses mitaines en cachemire noires, avant de les ranger dans les poches de sa veste.

— Noël est passé, mais je me permets de leur offrir un petit cadeau...

Elle pivota sur sa chaise, et avant que je n'aie le temps de faire quoi que ce soit, elle leva son majeur en l'air, avec un sourire fier collé aux lèvres.

— Pansy! M'écriais-je en l'attrapant par le bras pour la retourner. Non mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi?!

Elle ricana, à la vue de ma tête éberluée, et se tourna complètement vers moi, abandonnant ainsi toutes idées de continuer ses provocations.

Après cette petite scène signée Parkinson, Rosemerta nous apporta nos commandes. Je l'avais remercié, un petit sourire aux lèvres, qu'elle me rendit avec plaisir.

— Alors? Commença Pansy. À quoi on trinque?

— On ne trinque pas avec des Bieraubeurres.

— On trinque même avec du jus de citrouille, s'indigna la fille aux cheveux de jais.

Je levais les yeux au ciel, avant de faire mine de réfléchir.

— Très bien, alors trinquons au fait que dix minutes soient passées et que nous avons toutes les deux nos têtes sur nos épaules, en espérant que cela dure.

Mais tout était bien parti pour, alors je ne voyais pas pourquoi j'avais besoin de m'inquiéter.

— Santé! S'exclama Pansy qui n'avait rien de plus à ajouter.

Nos verres s'entrechoquèrent en un tintement fragile.
Je pris ensuite une gorgée de ma Bieraubeurre, savourant le goût exquis de cette boisson.
Le mieux était encore de la savourer en hiver. Mais il n'y avait vraiment pas de moment pour boire une Bieraubeurre.

— Et donc? Avec Théodore?

Prise au dépourvu par cette question, mes yeux s'écarquillèrent d'eux-mêmes.
Puis, comme une sorte d'automatisme que je ne pouvais contrôler, des souvenirs de nos derniers moments ensemble me revinrent en tête.

Tiana Jedusor Et Le Prisonnier d'AzkabanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant