Chapitre 2

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Hakan

— Aïe, je crie de douleur en me tenant l'arrière-tête.

Mon frère vient de m'arracher ma coiffe princière. Il la fait tourner au bout de son index, me mettant au défi de la reprendre.

Enfin, après une longue torture à prendre la pose, je m'étire les membres. Le peintre royal pousse un soupir à s'en fendre le cœur alors que je viens de ruiner tous ses efforts.

— Tu veux la même maintenant que t'as plus de cheveux ?je lance derrière mon épaule.

Misaël se fige avant de se passer une main inquiète sur le crâne.

— Qui que tu traites de chauve là ?

— C'est le poids d'une future couronne qui t'inquiète autant ?

— Espèce d'insolent...

J'éclate de rire face à son dépit et je récupère ma coiffe avant de descendre de ma chaise. Du coin de l'œil, je vois le peintre jeter son pinceau à terre et déchirer sa toile.

Ce n'est pas aujourd'hui que je figurerai sur les murs dans l'Histoire de Septorä et ça me va très bien.

Misaël grimace d'un air navré mais amusé.

— Bon, que dirais-tu d'aller faire un tour pour se dépenser ?je propose en enfilant mes sandales royales. Jouer avec les parieurs ? Aller donner à manger aux jaguars ?

Une légère panique traverse ses yeux de jais.

— Attends attends, je dois me préparer au Banquet pour ce soir...

— Aaah je bâille, je le coupe une main devant la bouche. Viens, j'ai une surprise pour toi.

Mon frère me fusille du regard en m'emboîtant le pas.

— Tu m'entraînes toujours dans les ennuis, Hakan...

— Je le fais avant que tu deviennes un Asna ennuyant et rigide comme père.

Une demi-tête de plus que moi, Misaël ralentit et je suis la direction de son regard inspiré vers la statue géante de Yared qui trône au milieu de Septorä de sorte à ce qu'on la voit depuis n'importe quel point de la ville.

On la voit encore alors que nous descendons dans le centre, parmi les Septriens. Le marché bat son plein et je me sers dans les fruits secs. Une grande poignée gourmande.

— J'ai l'impression que le regard de père me suit, remarque Misaël en plissant les yeux et en courbant légèrement le dos.

— Détends-toi, je le sermonne en posant une main sur son épaule. Que peut-il nous arriver ? Nous sommes des Princes !

Le soleil de midi brille de mille feux alors que j'écarte les bras. Misaël sourit, rasséréné et bombe son torse.

— C'est bien vrai ! Je ne crains rien ni qui que ce soit. Bon, où m'emmènes-tu à la fin ? Je crève de chaud.

— On a marché quelques pas et monsieur est déjà sur les rotules, bonjour l'endurance, je me moque.

Je remarque les regards galvanisants sur nous, les Septriens s'inclinent et s'écartent à notre passage. Pour éviter de trop se faire remarquer, Misaël préfère raser les murs alors que je nous fais parader dans la place.

Nous arrivons à la limite de la ville. Là où les habitations nobles s'arrêtent et laissent place à des maisonnettes en terre. Misérables et accumulées les unes sur les autres, elles forment des collines difformes et des chemins labyrinthiques.

À Ta PlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant